Violences policières ?

01/08/2023

(Posté le 01/08/2023)


Chère lectrice, cher lecteur,


Suite aux émeutes qui se sont déroulées fin juin, début juillet, en réaction à la mort de Nahel, le sujet des violences policières a été mis sur la table par différentes parties : les politiques, les journalistes, ainsi que différents citoyens qui en ont été victimes, selon leurs dires. Faisons un point sur ces faits, sur ce fléau dénoncé par une partie des français.


Prenons l'historique de ce qui s'est passé, pour poser les bases de notre réflexion. Mardi 27 juin 2023, un jeune de 17 ans, Nahel, est tué par la police : un drame assurément, tout le monde aurait préféré qu'il finisse en prison plutôt qu'il y perde la vie. Ce jeune, qui était connu des services de police, et qui était sous le coup d'une convocation au tribunal pour enfants, est devenu le symbole des violences policières, et d'un état qui tolère de telles violences. La police est, depuis, accusée de racisme et, notamment, est pointée du doigt et accablée par des élus politiques, surtout depuis une manifestation interdite par la préfecture de police, en mémoire d'Adama Traoré, la samedi 8 juillet 2023. Depuis ces faits, deux témoignages sont notamment sortis sur les réseaux sociaux : celui de Hedi, un jeune homme de 22 ans, défiguré par un tir de Flash-ball et tabassé par la BAC à Marseille, ainsi que Jalil, un enfant de 15 ans, éborgné par un tir de Flash-ball. Tous ces éléments, assemblés, sont-ils la preuve irréfutable que les violences policières sont communes, et fréquentes ? Non, car si on s'intéresse à chaque cas, il y a une légitimité qui laisse réfléchir, un affranchissement des lois de la part d'individus qui se croient au-dessus, et des témoignages qui manquent de franchise.


Du côté accusateur, nous avons donc plusieurs éléments : la famille et l'avocat de Nahel, la famille d'Adama Traoré et des députés (de la NUPES), ainsi que Hedi et Jalil. Si on doit les décrypter, pour savoir s'ils sont des exemples incontestables de violences policières gratuites, il s'avère qu'ils ne sont pas suffisamment pertinents et indiscutables.

- Concernant Nahel, déjà, nous sommes dans le cadre d'un tir en cas de refus d'obtempérer, mis en place en 2017. Le tir était-il légitime ? C'est à la justice de trancher, et on compte sur elle pour rendre un verdict impartial et juste. Cependant il est trois questions que chaque citoyen doit se poser. Doit-on attendre d'autres drames pour renforcer les capacités d'actions des policiers ? La minorité d'un coupable prévaut aux risques mortels qu'il représente envers les civils ? Quelle limite à la délinquance, et à la mise en danger de vies innocentes, est acceptable dans la société ? Si on laisse de côté le passif de Nahel, pour se concentrer sur la journée du 27 juin, il a failli tuer 2 personnes lors de sa fuite, a tenté de renverser la police qui l'avait pris en chasse, et était clairement prêt à aller le plus vite possible pour échapper à la police. S'il n'avait pas été arrêté par la police, et avait tué au moins une personne, est-ce que ça aurait été une victime acceptable pour la société ? Les policiers ont agi en ce sens, et n'avaient pas l'intention de tuer Nahel : ils ont dû faire un terrible choix.

- Concernant la marche pour Adama Traoré, la police aurait-elle du disperser la foule et empêcher toute marche, vu que la manifestation était interdite ? Elle a laissé faire, la présence de députés sur place légitimant le rassemblement, et la police a été contrainte de céder face à des élus de la république qui se mettaient volontairement hors la loi. Un des frères Traoré a été appréhendé après qu'il aurait porté un coup à un commissaire de police, entre autres, et au début de son interpellation on peut entendre distinctement "Sur la tête de ma mère, bouge pas". Par la suite, il résiste à son arrestation qui devient alors musclée. Doit-on accepter que la désobéissance à la police soit une norme ? Y a-t-il une immunité si on est en présence de députés français ? Les images de la sortie de garde à vue de monsieur Traoré font de la peine, certes, mais il est responsable de son arrestation. De plus, les députés présents auraient pu tenter de le calmer, de l'inviter à se laisser arrêter sans résister : ils ont leur responsabilité également dans cette affaire.

- Pour Hedi, ce qu'il a subi, même si on n'a pas les images, marque assurément, et on prie pour que ça ne nous arrive jamais. Dans son cas, il paraît plus que probable qu'il y ait eu des infractions de la part des policiers : laisser un homme au sol, sans appeler les secours, n'est pas acceptable du côté des forces de l'ordre. Tout individu arrêté et/ou blessé doit être pris en charge par les soignants, c'est indiscutable. Cependant, Hedi affirme avoir simplement salué les policiers, sans plus, quand ces derniers ont décidé de le passer à tabac : peut-on réellement croire à ce témoignage ? Les policiers auraient décider de prendre les premières personnes à portée de main pour laisser exprimer leur haine, leur frustration ? Cet argument ne tient pas : oui, il existe des individus pourris capables du pire, mais la probabilité que plusieurs policiers soient dans ce cas, au point de tous se couvrir les uns et les autres, est extrêmement faible. Il y a faute des policiers, pour ne pas être venu au secours de Hedi, mais on ne peut se fier à son récit, au fait qu'il n'avait rien à voir avec émeutes, et donc sans le contexte réel il est difficile de sanctionner les policiers (et éventuellement Hedi s'il a participé aux émeutes) comme il faut.

- Enfin Jalil est le témoignage le plus incohérent, le plus bidon. Déjà c'est terrible qu'il ait été éborgné : au moment auquel j'écris ces lignes je ne sais pas s'il récupérera un usage normal de son œil, mais je l'espère sincèrement. Ensuite, concernant les faits, ça coince beaucoup : une soirée d'émeutes, il accepte de sortir avec des amis dans la rue mais pas pour casser, il se retrouve dans un affrontement entre voyous et CRS contre sa volonté. Nous avons deux problèmes dans son récit : des parents qui ne font pas suffisamment attention à leur fils, qui sort tranquillement alors que les rues ne sont pas sûres, et un jeune qui n'a pas conscience du danger du moment. Si on cherche la vérité dans son récit, il était au sein d'un groupe, dont des individus ont effectué des tirs de mortiers contre les CRS, et il a pris un tir de Flash-ball à la place de quelqu'un qui était bien plus actif que lui dans l'affrontement. La réponse des CRS était proportionnée à l'agression qu'ils subissaient, et Jalil a fait le pire choix, celui de ne pas rester chez lui, celui d'aller se mettre face à la police dans la rue.

Il existe des ripoux au sein de la police, des individus qui salissent l'uniforme, mais ils sont archi-minoritaires : il ne faut pas stigmatiser une profession qui est vitale pour la république, qui protège les citoyens au quotidien. Il faut dénoncer les violences inacceptables, mais il ne faut surtout pas mentir concernant ses intentions, concernant le déroulé des faits, pour que la justice puisse efficacement faire son travail, et punir à juste titre tous les coupables. Tant que les voyous mentiront, tant qu'ils n'assumeront pas leurs délits, il sera impossible de les croire s'ils sont réellement victimes de violences de la part des policiers.


Du côté accusé, celui des policiers, prenons quelques chiffres pour comprendre leur métier. Déjà, l'insécurité et la délinquance, en 2022, ont été en hausse dans la quasi-totalité des indicateurs par rapport à 2021 : ces chiffres nous indiquent que la charge de travail augmente, avec les années, pour une police dont l'effectif a augmenté d'un peu moins de 4% depuis 2017 (année de référence choisie par rapport à la loi autorisant l'utilisation de l'arme à feu dans les refus d'obtempérer). Les refus d'obtempérer, eux, ont augmenté d'un peu plus de 16% entre 2017 et 2022. La délinquance et l'insécurité augmente bien plus que les effectifs policiers : on peut légitimement se dire que cette profession est soumise davantage au stress et à la pression, surtout si on attend des chiffres de leur part chaque année. De plus, l'augmentation de la délinquance ne se limite pas aux personnes majeures, mais aux personnes mineures aussi (Nahel entre dans ces chiffres, au passage).

Si des dérapages de la part de policiers sont observés, et que des personnes meurent suite à des interventions policières, est-ce que ce sont des critères indiscutables pour dire que les violences policières sont systématiques en France ? Non, ce ne sont que des faits isolés.

Abordons le problème sans tourner autour du pot : le problème de la police est la justice. Quand un voyou a entre sept mois et deux ans d'attente pour être traduit devant un tribunal administratif, quand le cumul des peines est limité en France, on peut comprendre la perte de motivation de la part des policiers : les personnes qu'ils arrêtent sont libérées en attentes de leur jugement, et peuvent librement commettre de nouveaux crimes. De plus, la perpétuité réelle n'existant pas en France, les pires criminels ont une chance de sortir de prison un jour, et de potentiellement récidiver. Ajouté à ça un respect des forces de l'ordre qui est dans un état catastrophique (notons que pendant les émeutes, des enfants de 12 ans ont été interpelés), on peut comprendre que certains policiers soient moins patients, soient plus fermes dans leurs interventions, et donc que ça puisse déboucher sur des plaintes d'interventions policières plus musclées. Ce n'est pas le résultat d'une violence policière en augmentation, mais d'un respect des institutions en baisse, d'une justice qui n'arrive pas à trouver le bon dosage pour dissuader les personnes d'enfreindre les lois, et d'un respect des institutions qui n'est pas mis suffisamment en avant (aussi bien auprès des jeunes qu'auprès des migrants).


Un des objectifs premiers d'un état de droit est d'assurer la sécurité sur son territoire, ainsi la police doit avoir la confiance totale quant à l'arrestation des individus dangereux, et concernant l'usage légitime et proportionné de la violence : la remettre constamment en cause est une faute au sein de la société, surtout quand on sait que l'IGPN effectue plutôt bien son travail. Pour améliorer le rapport entre la police et la population, pour chercher à réduire les faits de violences de la part de policiers sur des citoyens, plusieurs choses doivent être mises en place :

- revoir la justice, pour des traductions plus rapides, et des condamnations logiques pour les criminels, et surtout pour les récidivistes,

- imposer le respect de l'uniforme, des institutions, et punir comme il se doit le manque de respect envers les policiers,

- éduquer les gens, et ça passe forcément par l'école, pour éduquer les futurs citoyens au respect des lois et des institutions,

- revoir le système carcéral, pour qu'il soit punitifs pour les crimes les plus graves, que la réinsertion soit davantage privilégiée pour les coupables les plus légers, et surtout rééduquer les gens pour qu'ils n'enfreignent plus les lois,

- revoir la politique d'assimilation de la France, pour offrir une meilleure intégration des migrants au sein de la France, et donc avoir des personnes plus à même à respecter les lois et les gens.

Beaucoup de chantiers en perspective, mais qui, je pense, ne pourront apporter que du positif avec le temps.




Sources :

- informations concernant Nahel : https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/mort-de-nahel-le-policier-auteur-du-tir-maintenu-en-detention-provisoire-3284298

- bilan des émeutes : https://www.capital.fr/economie-politique/emeutes-degats-interpellations-les-chiffres-de-cette-vague-de-violence-1473368

- manifestation pour Adama Traoré : https://www.ladepeche.fr/2023/07/09/marche-pour-adama-traore-persecution-honte-des-elus-nupes-et-eelv-scandalises-par-la-police-pendant-la-manifestation-interdite-11331006.php

- témoignage de Hedi : https://www.konbini.com/societe/video-le-temoignage-dhedi-defigure-par-un-tir-de-flash-ball-et-tabasse-par-la-bac-a-marseille/

- témoignage de Jalil : https://oumma.com/le-temoignage-dechirant-de-jalil-15-ans-eborgne-par-un-tir-de-flashball/

- rappel de la loi de 2017 concernant le refus d'obtempérer : https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/refus-d-obtemperer-que-dit-la-loi

- évolution de la délinquance en 2022 : https://www.vie-publique.fr/en-bref/288058-insecurite-et-delinquance-les-premiers-chiffres-2022

- évolution du refus d'obtempérer : https://actu.fr/societe/refus-d-obtemperer-combien-y-a-t-il-eu-de-tirs-mortels-ces-dernieres-annees_59792989.html

- évolution des fonctionnaires dans la police nationale : https://fr.statista.com/statistiques/1008699/effectif-police-france/

- traitement pénal des mineurs : https://www.vie-publique.fr/en-bref/285578-traitement-penal-des-mineurs-quelles-evolutions-entre-2000-et-2020

- durée d'une procédure judiciaire : https://paris.tribunal-administratif.fr/Demarches-procedures/Introduire-une-requete-devant-le-tribunal-administratif/Quelle-est-la-duree-de-la-procedure

- cumul des peines en France : https://www.paris-normandie.fr/id280105/article/2022-02-18/cumul-de-peine-et-perpetuite-quelles-regles-sappliquent-dans-le-proces-de

- chiffres des morts par la police : https://fr.news.yahoo.com/la-police-tue-ce-que-disent-les-chiffres-154637151.html

- suivi de l'IGPN : https://www.acatfrance.fr/actualite/rapport-dactivite-de-ligpn---entre-hausse-de-lusage-des-armes-et-des-condamnations-de-policiers
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