A la recherche de Max

17/09/2022

Une fois arrivée à la gare de Bercy, elle prend un taxi pour se rendre à une adresse à côté de la gare du Nord. Après un court trajet elle arrive à destination, descend et se retrouve devant un immeuble plutôt ancien. Elle paie le taxi et sort une enveloppe de son sac, celle qu'elle a récupéré discrètement chez elle : elle contient un trousseau de trois clés et un papier sur lequel sont inscris une adresse, un étage, un numéro de porte et différents codes. Danielle entre dans l'immeuble, passe différentes portes avec les codes, et se rend au premier étage. Elle entre une des trois clés dans la serrure de l'appartement numéroté quatorze, et l'ouvre.

- Punaise, je pensais que c'était meublé !

La porte s'ouvre sur un grand salon complètement vide. Elle y pose sa valise et vérifie toutes les pièces : il n'y a rien du tout, personne n'a logé dans cet appartement depuis bien longtemps. Elle quitte l'appartement et se rend dans un hôtel, à côté, pour y séjourner : elle y prend une chambre pour deux nuits. Assise en tailleur sur le lit, sur lequel elle a étalé différents documents, elle consulte le livret de famille de sa mère : Stéphanie Ventisci, née de parents inconnus, a une date de naissance qui correspond à celle de Jeanne Nocogno, la fille abandonnée par Mireille Card. Vu les correspondances des différents ADN trouvés, en lien avec la famille de Paul notamment, il semble assez clair que la mère de Danielle soit une descendante de Huguette Jouanet : par extension, Danielle l'est aussi. Elle a réalisé, sur une feuille, un arbre généalogique pour tenter d'y voir plus clair : Mireille Card et Paul étant cousins, Danielle est alors la petite nièce de celui-ci.

- Bon, j'aimerais savoir quelque chose...

Elle ouvre son ordinateur portable, se connecte au wifi de l'hôtel et sort la feuille avec les différents noms, liés aux différents ADN. Elle recherche chaque personne, chaque trace de vie sur différents sites ou réseaux sociaux : ils semblent tous, sans exception, décédés. Tous, à l'exception de Max Card : elle recherche rapidement ce dernier nom sur internet, et en dehors des informations diffusées par la police pour tenter de le retrouver, il n'y a aucune trace de lui. Danielle referme son ordinateur et commence à réfléchir, tout en s'allongeant dans le lit : la fatigue est trop forte et elle s'endort en très peu de temps. Le lendemain matin elle prend son petit déjeuner, se prépare, puis se rend à l'adresse que lui a laissé son père avant de mourir : il s'agit d'une petite maison, coincée entre deux immeubles, et la personne qui y habite s'appelle Léonie Joubert. Ce nom ne lui dit rien du tout. Danielle frappe à la porte. Au bout de quelques secondes une femme plutôt âgée lui ouvre.

- Bonjour mademoiselle, que puis-je pour vous ?

- Bonjour madame. Je m'appelle Danielle et je cherche des informations concernant un certain Max Card, ancien patient enfant du service psychiatrique, est-ce que ça vous dit quelque chose ?

- Je crois que ça me dit quelque chose, effectivement. Vous voulez quoi ?

- Savoir où il est aujourd'hui, s'il est toujours vivant ou pas.

- Ho, ça je ne sais pas. Je vous en prie, mademoiselle, entrez : je vais chercher dans mes dossiers si j'ai quelque chose.

- Merci madame.

Danielle entre et s'installe sur une chaise, dans le salon, pendant que madame Joubert sort d'un buffet une pile de dossiers. Elle les apporte tous sur la table.

- Ces dossiers contiennent des traces des patients dont je me suis occupée, et des collègues avec qui j'ai travaillé. Je vous en propose que nous cherchions ensemble, à deux on devrait trouver votre information rapidement.

Danielle prend la moitié de la pile de dossiers et cherche : un moment elle tombe sur celui d'un certain Max Ventisci, patient de l'unité psycho-pédiatrique de l'hôpital Hôtel-Dieu, entre deux-mille-neuf et deux-mille-dix-sept. Léonie Jouanet est plongée et absorbée dans sa recherche, de son côté : Danielle retire discrètement le dossier et le met dans son sac à dos. Elle est sur le point de reprendre sa recherche quand son hôte tombe sur une information intéressante.

- Il ne s'agit pas de Max Card, mais de Mireille Card. C'était une collègue avec qui j'ai travaillé, en deux-mille-seize, mais qui n'est restée qu'un mois à l'hôpital.

- Pourquoi si peu de temps ? Elle n'a effectué qu'une mission dans votre service ?

- De mémoire je crois qu'elle a été embauchée pour une longue période, mais est partie du jour au lendemain sans rien dire.

- Elle s'occupait de quoi, quand elle était dans l'hôpital ?

- Et bien je crois me souvenir qu'elle était l'infirmière attitrée d'une chambre de deux enfants, dont faisait partie Max Card... mais... elle s'occupait de son enfant ?

- Je ne sais pas, recherchons parmi les autres dossiers.

Elles cherchent minutieusement, même la moindre mention de son nom, mais aucun dossier ne contient d'information sur lui. Après avoir aidé madame Jouanet à tout ranger, Danielle la remercie pour son aide et retourne à son hôtel. Une fois sur place elle sort le dossier qu'elle a subtilisé, celui de Max Ventisci. Elle est ravie, elle a réussi à mettre la main sur le dossier qui l'intéresse, et y trouve plutôt rapidement l'information qu'elle cherche : il s'agit du nom du médecin chargé de la thérapie de Max Ventisci, qui s'avère être un certain Francesco Corlotti. Elle cherche sur internet : ce docteur est toujours en exercice, actuellement à l'hôpital Européen de Marseille, et semble toujours s'occuper d'enfants. Elle veut le rencontrer à tout prix, pour lui poser différentes questions. Elle regarde dans la foulée les horaires de train pour Marseille le lendemain matin, réserve une place pour un départ vers dix heures, puis réunit ses affaires. Après une fin de journée plutôt calme et reposante Danielle se couche et se prépare pour son voyage.

Le lendemain matin elle rejoint la gare de Lyon, traînant sa valise et portant son sac à dos, et va prendre son train tranquillement. Elle est assise dans un carré et se retrouve, pour le voyage, en compagnie d'une femme accompagnée de deux adolescentes. Assise à côté de la mère de famille, Danielle passe une première heure de trajet plutôt tranquille, en jouant à un jeu sur son téléphone, pendant que les deux adolescentes discutent et se montrent des choses sur leurs téléphones. Tout à coup l'une des deux interpelle Danielle.

- Dites, madame, vous êtes une vraie femme ?

- Marion, ce n'est pas poli de demander ça. Je suis désolée, mademoiselle, pour leur manque de respect.

- Pas de souci. Oui, petite, je suis une vraie femme, pourquoi ?

L'adolescente qui a parlé tourne son téléphone pour le montrer.

- Je vous ai prise en photo, et en vous transformant en homme je trouve que vous ressemblez beaucoup à ce policier qui est mort, à Auxerre, après un triple homicide.

- C'est normal, c'est mon père.

- Ho, pardon...

- Je vais faire un tour.

Danielle se lève et va s'isoler entre deux wagons, pour pleurer un peu. Après s'être séché les larmes, alors qu'elle est sur le point de retourner à sa place, un homme arrive face à elle et l'empêche de passer.

- Bonjour, mademoiselle, vous avez l'air triste ?

- Tout va bien, c'était passager.

- Vous voulez un câlin ?

- Non merci, je souhaite retourner à ma place.

- Mais si, venez...

L'homme prend Danielle dans ses bras, la plaque contre la porte du train et commence à lui embrasser le coup tout en lui pelotant les fesses. Elle essaie de le repousser, tant bien que mal.

- Laissez-moi partir, s'il vous plaît...

- T'as pas le moral, t'as besoin d'être réconfortée petite.

- J'ai dix-sept ans, laissez-moi rejoindre mes parents.

- T'inquiète, tu vas aller les rejoindre après.

- Au sec...

Il lui colle sa main sur la bouche.

- Tout doux, petite. Je sais que tu en a envie, je l'ai vu dans tes yeux. Laisse-toi faire et ça va bien se passer.

Alors qu'il se frotte à elle, qu'il la plaque contre la porte et tente de lui défaire son pantalon, une petite fille passe et attire l'attention.

- Vous faites quoi, monsieur ?

- Ce n'est pas ton souci, casse-toi.

La petite ouvre la porte d'accès à un wagon.

- Au secours, il y a un monsieur qui agresse une fille ici !

L'homme lâche Danielle, s'approche de la petite et lui met une gifle : elle s'écroule au sol, en pleurant, ce qui fait accélérer les personnes qui se dirigeaient dans leur direction. Il tente de partir de l'autre côté, mais Danielle s'interpose.

- Laisse-moi passer, morveuse.

- Tu crois vraiment pouvoir t'échapper, pourriture ?

- Bon, si tu insistes !

Il balance un crochet du droit que Danielle évite sans problème. Il tente de l'attraper par le cou : elle saute sur le côté, rebondit sur le mur et lui met un coup de poing sur la joue. Le coup est tellement violent qu'il tombe assez lourdement, et peine à se relever. Il se fait attraper par des voyageurs et se fait emmener par un contrôleur du train. Danielle demande à la petite qui a appelé à l'aide si elle va bien, et une fois rassurée elle retourne à sa place. La fin du voyage se déroule sans problème et, une fois arrivée à Marseille, Danielle prend un taxi et se rend dans un hôtel en centre-ville. Elle y prend une chambre, y dépose ses affaires et se rend à l'hôpital Européen de Marseille. Sur place elle va se renseigner à l'accueil.

- Bonjour, madame, je souhaite rencontrer le docteur Corlotti s'il vous plaît.

- C'est pour quelle raison, mademoiselle ?

- J'ai mon enfant qui a quelques soucis, et j'aurais aimé avoir son avis.

- Vous le connaissez personnellement ?

- Non, mais je connais son parcours et les sujets qu'il a traité.

- Le docteur ne reçoit que sur rendez-vous. Je vous invite à monter au troisième étage, voir avec sa secrétaire.

- Merci beaucoup.

Danielle se rend au troisième étage, et discute avec la secrétaire. Elle décide de ne pas prendre de rendez-vous, le temps d'attente pour avoir une première rencontre étant de plus de deux mois, remercie la personne qui l'a renseigné et s'en va. Le dernier rendez-vous du docteur Corlotti est à dix-huit heures, il est donc fort probable qu'il termine sa journée de travail une heure plus tard. Danielle regarde son téléphone : il est dix-huit heures et vingt-six minutes. Elle décide d'attendre au niveau du parking, tranquillement et discrètement. Au bout d'un moment elle aperçoit le docteur, portant à la main une sacoche, sortir de l'hôpital. Danielle se déplace sans se faire remarquer et passe derrière lui. Une fois qu'il est arrivé à sa voiture, elle sort un pistolet de son sac qu'elle pointe sur son dos. Le médecin panique et lève les mains en l'air aussitôt qu'il ressent quelque chose dans son dos.

- Qui êtes-vous, que me voulez-vous ?

- Vous allez prendre votre voiture et nous allons aller faire un tour.

- Vous voulez quoi ? De l'argent ?

- Pas du tout. Retournez-vous !

Le docteur Corlotti se retourne et fait face à Danielle.

- Mais qui êtes-vous mademoiselle ?

- Je vous le dirai le temps venu. Partons d'ici.

- Je ne vais nulle part.

- Je m'appelle Danielle, et suis un de vos anciens patients.

- En quelle année ?

- Début des années deux-mille-dix, à l'hôpital Hôtel-Dieu de Paris.

- Danielle... hum... je crois me souvenir...

Elle tire un coup de feu qui effleure la chaussure du médecin.

- Hey, vous avez failli me percer le pied !

- Maintenant on se met en route, sinon je ne vous loupe pas au prochain tir.

Danielle indique au docteur de prendre le volant, et fait le tour de la voiture pour s'installer à côté de lui : il s'exécute, ne souhaitant pas être tué. Tout en gardant son arme braquée sur lui, elle lui donne des indications au fur et à mesure qu'ils progressent, et elle lui indique de s'arrêter au niveau d'un terrain abandonné. Elle le fait descendre de voiture, et se positionne devant lui, arme braquée, prête à tirer.

- Bon, jeune fille, que me voulez-vous maintenant ?

- Vous ne vous souvenez pas de moi, docteur ?

- Bien sûr que non ? Je devrais ?

- Max Ventisci, ça vous parle ?

- Ce nom me dit quelque chose, effectivement, mais...

- Oui ?

- ... que me voulez-vous ?

- Je veux des excuses, pour ce que vous m'avez fait.

- J'avais des consignes, j'ai fait du mieux que vous avez pu.

- Max en a terriblement souffert, il en est mort.

- Je n'ai jamais eu de ses nouvelles après qu'il ait quitté l'hôpital. Mais d'ailleurs, vous n'êtes pas morte, vous ?

- Cette question n'est pas pertinente.

Elle tire une balle qui lui transperce la jambe droite, il s'écroule de douleur.

- Haaaaa... mais pourquoi ?

- Vous m'avez fait du mal plus jeune, vous avez tué Max Ventisci, vous ne méritez que de mourir.

- Et si je vous donne une information concernant Max, est-ce que vous m'épargnez ?

- Que pourriez-vous bien m'apprendre sur lui ?

- C'est un secret qui me pèse depuis trop longtemps, c'est l'occasion de m'en libérer.

- Je vous écoute docteur.

Le médecin, à moitié en pleurs par peur de mourir, lui raconte un terrible secret. Le petit Max Ventisci, un moment lors de son internement à l'hôpital Hôtel-Dieu, a subi une agression sexuelle de la part d'une certaine Mireille Card, qui a prélevé son sperme pour avoir un enfant du jeune garçon. Un enfant est né de cette fécondation in vitro, mais le docteur Corlotti a préféré enlever l'enfant à sa naissance pour éviter qu'il ait une mère complètement folle et l'a confié à des amis de confiance, qui ont toujours voulu un enfant sans avoir la capacité d'en faire un, pour qu'il soit élevé dans un bon cadre. Sur ces révélations Danielle ne se sent pas bien et commence à pleurer, tout en lançant un regard de rage au médecin et en le menaçant davantage avec son arme.

- Vous mentez !

- J'ai les papiers dans ma sacoche, dans la voiture, je les ai toujours sur moi au cas où, ainsi qu'un double sur une clé USB.

- Pourquoi avoir accepté Mireille Card d'avoir un enfant d'un adolescent ?

- C'était pour la science, expérimenter une fécondation in vitro était une grande opportunité pour ma carrière.

- Et où se trouve cet enfant ?

- Il est chez un couple d'amis, qui vit à Toucy dans l'Yonne.

- Vous mentez !

- Tout est dans ma sacoche, mademoiselle. Je vous jure que...

Elle ne lui laisse pas le temps de parler davantage et lui tire une balle dans la tête. Complètement choquée et prise d'une crise de panique, elle prend un médicament dans son sac qui la calme au bout de cinq minutes. Après avoir repris ses esprits elle récupère la sacoche du docteur dans la voiture et la fouille. Elle y trouve effectivement un extrait d'acte de naissance dont la mère est Mireille Card, de père inconnu, et d'un enfant s'appelant Thibaut Fradier, adopté par Gaston et Monique Fradier. Oui, il s'agit à priori du meilleur ami de son défunt père, chez qui elle a été accueillie après avoir perdu son dernier parent. Cet enfant, qui a été un rayon de soleil pendant son deuil, est donc l'enfant de Max Ventisci. Danielle démarre la voiture, et part en direction de l'hôtel : elle a eu quelques leçons de conduite par ses parents, le contrôle de la voiture ne lui pose pas trop de problème. Une fois arrivée sur place elle récupère le strict minimum, notamment son argent et quelques affaires qu'elle met dans son sac à dos d'aventure, et se rend à la gare. Elle prend un billet pour Paris, dans un train qui part moins d'une heure plus tard. Une fois arrivée dans la capitale elle prend les transports pour aller gare d'Austerlitz et prend un billet pour Auxerre. Alors qu'elle est tranquillement assise, attendant son départ, deux policiers attirent son regard : ils interpellent chaque personne qu'ils croisent, sur le quai, montrant le portrait d'une personne très certainement recherchée. C'est elle, elle se reconnaît, la nouvelle du meurtre du docteur Corlotti a dû circuler rapidement. Elle se lève et cherche un endroit calme dans le train, à l'abri d'une malencontreuse rencontre. Après quelques minutes de recherche elle a une idée qui lui semble excellente : elle se faufile derrière une femme, qui a laissé son sac entrouvert, et récupère une trousse de maquillage. Elle se grime de manière un peu exagérée, pour ne pas qu'on la reconnaisse, et remet la trousse tout aussi délicatement. Ensuite elle se dirige vers un groupe de jeunes, et réussit à subtiliser une casquette. Elle retourne alors à sa place, s'assied en enlevant sa veste, attache ses cheveux et met la casquette à l'envers. Est-ce que cet artifice va fonctionner ? Elle l'espère, car les policiers sont dorénavant à bord du train et s'approchent d'elle.

- Bonjour, mademoiselle, auriez-vous vu cette personne ?

- Je ne crois pas.

- Vous êtes certaine ?

- Non, car ce n'est pas un visage qui pourrait me marquer, mais ça ne me dit rien du tout.

- Merci bien. Bonne fin de journée et bon voyage.

Les deux policiers s'en vont : Danielle est soulagée, elle a réussi à ne pas se faire attraper, et va pouvoir retourner à Auxerre. Fatiguée nerveusement par le meurtre qu'elle a commis, et physiquement par le voyage entre Marseille et Paris, elle s'endort et plonge dans un rêve qui ne va pas s'avérer agréable.


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