On commence à couper l'arbre

Danielle ouvre les yeux, se retourne sur sa droite, prend la personne qui partage son lit dans ses bras et lui fait des bisous dans le cou.
- Coucou, mon ange, on va devoir se préparer pour aller en cours !
- Déjà ? Je suis bien sous cette couette avec toi : ça ne te dit pas qu'on se partage un rhume, et quelques jours de repos ?
- On verra pendant les vacances, en attendant en avant !
Danielle se lève et va prendre sa douche. Environ quatre mois se sont écoulés depuis le décès de Mireille Card, et à défaut de trouver des informations sur les motivations de la vieille femme, tout le monde a arrêté de chercher et a repris le cours normal de sa vie.
L'affaire qui a mis en cause Paul concernant l'agression de madame Card a abouti sur un non-lieu, principalement à cause des informations fausses déclarées par la victime et les informations concernant ses agissements passés. Elle est donc décédée avec ses secrets, aucun document chez elle n'a pu expliquer ses motivations. Cette affaire judiciaire a tellement perturbé Paul, d'ailleurs, qu'il en a raté son baccalauréat et a redoublé son année de terminale. Danielle aussi a échoué aux épreuves du bac, mais c'est à cause du chagrin provoqué par la perte de sa mère. Après l'enterrement de sa mère et un été plutôt calme pendant lequel elle est restée chez elle, Danielle a repris les cours, dans la même classe que Paul, et est tombée amoureuse de Suzanne, une autre élève de sa classe qui est arrivée suite à un déménagement. Elles sont en couple et passent tous leurs temps libres ensemble, tantôt chez l'une, tantôt chez l'autre. Danielle sort de la douche, se sèche avec une serviette et s'habille ; et en ouvrant les rideaux de la fenêtre de la salle de bain elle aperçoit Paul, dans la maison voisine : il est totalement nu, le sexe en main, et semble jouir dans sa douche. Une fois qu'il semble avoir fini son affaire il tourne la tête, repère celle qui l'a grillé dans ce moment gênant, et se jette au sol, hors de la vision de Danielle. Elle est choquée, elle repense à la fois précédente, quand elle l'a surpris dans un même genre de scène. Son téléphone vibre : elle a reçu un message de Paul lui disant qu'il n'a plus de mouchoirs dans sa chambre, et que c'est la seule solution pour finir son excitation du matin. Elle ne veut pas en savoir davantage, ferme les rideaux et va prendre son petit-déjeuner. Dans la cuisine Suzanne commence à peine à manger, alors que Rolland a tout juste fini son café et est sur le point de partir : il pose sa tasse dans l'évier et se dirige vers la porte d'entrée.
- Bon, mesdemoiselles, passez une bonne journée.
- Bonne journée, monsieur Ventisci.
- Tu peux m'appeler Rolland.
- Bonne journée papa.
- Bonne journée ma puce. Au fait, je tenais à vous dire...
Il se rapproche de la table, alors que Danielle est assise et collée à son amoureuse : elle boit son chocolat chaud d'une main, et la tient par les hanches de l'autre.
- Si jamais vous pensez à aller plus loin dans votre relation, surtout sur le plan sexuel...
- Papa !
- ... le VIH peut se transmettre aussi entre femmes lesbiennes : faites-vous dépister par sécurité.
- C'est noté monsieur.
- Bonne journée papa, merci pour cette intervention gênante !
- Bonne journée toutes les deux !
Il part.
- Je suis désolée, Suzie chérie, il se mêle toujours de ma vie.
- En attendant je suis plutôt d'accord avec lui.
- Comment ça ?
- On va se faire dépister tout à l'heure, après les cours, pour montrer qu'on n'a rien de rien à se cacher.
- D'accord. On peut aller au laboratoire d'analyse médicale, on pourra passer sans rendez-vous.
- Parfait. Rassure-moi, Danielle, tu n'as jamais fait l'amour avant moi ?
- Bien sûr que non, tu es mon premier et unique amour !
Danielle embrasse Suzanne et va faire la vaisselle. Une fois terminé elle monte se brosser les dents, récupère son sac et tire Suzanne par la main pour aller en cours. Dehors, alors qu'elles s'apprêtent à s'engager dans la rue, elles voient Paul de loin : Suzanne commence à lever la main, pour le saluer, mais Danielle l'en empêche.
- Je ne veux pas lui parler, aujourd'hui, c'est un terrible pervers.
- Pourquoi ?
- Dans la salle de bain, tout à l'heure...
- Que s'est-il passé ?
- Viens, je te raconte en allant au lycée.
Danielle prend Suzanne par l'épaule, tout en lançant un regard dégoûté à Paul : elle lui raconte sur le trajet ce qu'elle a vu dans la salle de bain, chez ses voisins, peu avant. La journée se déroule tranquillement, normalement, et une fois les cours terminés elles vont au laboratoire d'analyses : elles y font leurs prises de sang, et en attendant les résultats elles papotent sur un banc à l'intérieur du bâtiment. Au bout d'une demi-heure une femme médecin vient à leur rencontre.
- Bonjour mesdemoiselles. Qui est Suzanne Blandin ?
- C'est moi. Et elle, c'est Danielle Ventisci.
Le médecin remet une enveloppe à Suzanne, une autre à Danielle, et demande à cette dernière de la suivre pour un entretien complémentaire.
- Comment ça, madame, pour parler davantage ?
- C'est plutôt privé, parlons-en dans mon bureau.
- C'est ma copine, je ne lui cache rien. Alors ?
- Vous êtes positive au VIH, nous voulons faire des tests complémentaires pour bien définir ce que vous avez pour vous donner le traitement adéquat.
- Comment ça positive ?
- Avez-vous déjà eu une relation sexuelle non protégée ?
- Heu... c'est possible...
Suzanne lance un regard à Danielle, à la fois écœurée et énervée, et s'enfuit en courant. Déçue par la réaction de sa copine, et en même temps honteuse de lui avoir menti, elle suit le médecin pour faire une prise de sang complémentaire. Les résultats sont connus sous quelques jours, ils ne sont pas instantanés : elle peut rentrer chez elle, et le laboratoire lui enverra les informations et son ordonnance par courrier. Danielle sort du laboratoire et appelle Suzanne sur son téléphone : aucune réponse. Elle décide d'aller chez elle, lui rendre visite pour tenter de lui parler en face à face et de s'expliquer. Elle marche jusque chez Suzanne et frappe à la porte : après quelques secondes une femme vient ouvrir.
- Bonjour madame. Est-ce que votre fille est là s'il vous plaît ?
- Bonjour Danielle. Oui elle est là, mais je suis désolée : elle ne souhaite pas te parler.
- S'il vous plaît, essayez de la convaincre.
- Elle ne m'a pas dit ce qui s'est passé, mais elle semble très énervée. Il vaut mieux la laisser pour le moment et voir plus tard.
- D'accord, j'espère qu'elle acceptera de me parler demain. Bonne fin de journée madame.
- Au revoir Danielle.
Avant de partir elle lève les yeux, vers la chambre de Suzanne : les rideaux sont fermés, elle ne peut distinguer si elle est observée ou pas. Triste et déçue, Danielle décide de rentrer chez elle. Une fois arrivée elle est en pleurs, ce qui n'échappe à Rolland qui est en train de faire la cuisine.
- Bah, ma puce, qu'y a-t-il ?
- Suzanne ne me pardonnera jamais.
- Que s'est-il passé entre vous ?
- On a été se faire dépister et je suis positive au VIH.
- Comment ça ?
Danielle raconte à son père la nuit à l'hôtel avec Paul, cette aventure qui a été provoquée par l'accident de sa mère. Après lui avoir tout raconté elle pleure encore plus, et monte se réfugier dans sa chambre. Rolland la rejoint immédiatement et la prend dans ses bras pour la réconforter. Une fois qu'elle est un peu calmée, il lui propose d'aller chez leurs voisins, pour s'expliquer avec Paul : Rolland entraîne sa fille à la porte d'entrée, s'absente quelques secondes dans son bureau, puis ils se rendent chez les Jouanet. Rose leur ouvre la porte, les fait entrer, et ils se retrouvent à cinq dans la cuisine : Paul, Rose, Mimose, Rolland et Danielle. Cette dernière a encore les yeux rouges, d'avoir pleuré. Son père prend la parole et s'adresse fermement au jeune homme.
- Bon, Paul, il faut qu'on parle urgemment. Comment ça se fait que ma fille à une MST ?
- Pardon, monsieur ? Comment ça ?
- Elle a fait un dépistage tout à l'heure, et elle est positive au VIH. Et apparemment il n'y a qu'avec toi qu'elle a eu une relation sexuelle à ce jour.
- Oui, c'était à l'hôtel. Mais c'est Danielle qui m'a tiré vers elle pour qu'on fasse l'amour.
- Et comment as-tu contracté une MST auparavant ?
- Je n'ai eu que deux relations sexuelles, avant : madame Card, et cette femme à Pigalle.
- Tu as des relations sexuelles non protégées, et tu ne penses pas à mettre un préservatif avec ma fille ?
- Sur le moment c'est allé trop vite, je n'ai pas eu le temps de réfléchir.
Rolland sort de l'arrière de son pantalon un pistolet et le pointe en direction de Paul : Mimose et Rose s'interposent entre les deux.
- Du calme, Rolland, une MST ça se soigne. Paul a été idiot, il est désolé.
- Oui, monsieur, je suis désolé.
- Je n'en ai rien à faire des excuses...
- Papa.
- ... il a possiblement condamné la vie de ma fille, et après le décès de ma femme je ne peux pas me permettre de la perdre.
- Bon, il y a eu bêtise, mais elle ne va pas mourir : baisse ton arme Rolland.
- Poussez-vous, sinon je vous tue aussi.
Mimose s'approche de Rolland, pour lui faire baisser son arme : il tire, et elle tombe instantanément sous le choc. Rose se place devant Paul.
- Laisse mon fils, tu ne peux pas le tuer.
- Il a condamné ma fille, je ne le laisserai pas vivre.
Il tire un second coup, et Rose tombe inerte au sol. Danielle attrape le bras de son père, pour tenter de le raisonner, mais il la repousse et s'approche de Paul, qui est genoux au sol, pleurant et suppliant d'être épargné.
- S'il vous plaît, monsieur, je suis désolé.
- Tout comme tu l'as été en contractant cette MST ?
- C'est un accident, et je ferai attention à l'avenir, je vous promets.
- Effectivement, tu ne mettras plus personne en danger à l'avenir.
Il tire une troisième balle qui traverse le crâne de Paul : son corps s'écroule sans vie. Danielle se laisse tomber sur une chaise, complètement sous le choc.
- Papa, pourquoi tu as fait ça ?
- Je vais te perdre, donc je n'ai plus de raison de vivre.
- Mais une MST ça se soigne, et j'aurai besoin de toi pour guérir.
- Mon petit frère est décédé d'une MST en moins d'un an, quand il a eu dix-huit ans, ça m'a profondément blessé et je ne veux pas revivre ça.
- Et je vais faire comment sans toi ? Tu vas aller en prison.
- Non, je n'irai pas.
Plusieurs sirènes de police retentissent : quelques voitures sont arrivées devant la maison de Paul. Ils regardent par la fenêtre et voient une dizaine de policiers, armes en main, dont l'un avec un mégaphone.
- Rolland, sors de là. Si tu te rends sans opposer de résistance, on essaiera de régler tout ça du mieux qu'on peut.
Rolland emmène Danielle dans le salon, il prend une feuille et un stylo, puis écrit quelque chose. Une fois terminé il plie le papier et le donne à sa fille.
- Je t'ai noté l'adresse à laquelle vis quelqu'un que tu as connu dans ton enfance, qui sera capable de répondre à plusieurs questions et t'aider je pense.
- Papa...
- Je vais devoir te quitter, ce que j'ai fait est mal et je vais devoir en payer le prix.
- Mais je ne veux pas, je veux rester avec toi.
- Désolé, mais ça ne va pas être possible.
Alors que Danielle pleure, Rolland lui essuie les yeux et lui fait un bisou sur le front.
- Tu es une belle et grande femme, maintenant. La vie t'attend, et tu dois la vivre pleinement.
- Papa...
- Je veux juste encore une fois te présenter mes excuses pour ce que nous t'avons fait subir dans le passé. Ta mère et moi avons été aveuglés, nous ne t'avons pas écouté, et depuis que tu es revenue nous l'avons regretté chaque jour.
- Papa...
- Je vais y aller, maintenant : reste couchée au sol surtout, et n'écoute pas.
Rolland reprend son arme à la main et se dirige vers la porte : Danielle va se poster derrière la fenêtre, pour observer la scène. Quand son père apparait à la vue de tous, arme braquée vers eux, ils lui demandent tous de baisser son pistolet, de se rendre pour préserver sa fille. Rolland tire le premier coup de feu.
Danielle ouvre les yeux, se retourne sur sa droite, et pose son regard sur une chaise. Un peu plus d'une semaine plus tôt son père a été abattu par la police, après avoir tué leurs voisins et en refusant de se rendre : elle en est bouleversée, et n'a aucune idée de ce qui va se passer pour elle par la suite. Elle se lève, s'habille et descend dans le salon.
- Bonjour, Danielle, tu veux un œuf pour ton petit déjeuner ?
- Bonjour Monique, bonjour Gaston, et bonjour Thibaut. Non merci, je prendrai seulement un thé.
- Je t'apporte ça tout de suite.
Depuis la mort de son père elle a été accueillie par Gaston, sa femme et leur fils de six ans, le temps de l'enterrement et de savoir ce qu'elle souhaite faire de son avenir immédiat : poursuivre ses études ou trouver un travail. Les obsèques se sont tenues la veille, et elle réfléchit encore sur ce qu'elle veut faire dans les prochaines semaines. Elle s'installe à côté de Thibaut, à table, et boit le thé qu'on lui apporte. Malgré qu'elle n'ait pas envie de discuter, qu'elle n'a pas la force d'échanger avec qui que ce soit, elle rigole tout de même au dessin drôle que lui montre le jeune garçon : Thibaut est la seule personne qui réussit à la faire sourire, elle a une tendresse qu'elle ne peut expliquer pour ce jeune garçon et sa présence l'apaise, la réconforte. Chaque jour elle reste couchée et tente de dormir, espérant que ce n'est qu'un mauvais rêve et que son père sera présent pour la réveiller le lendemain. Une fois qu'elle a finit son thé elle remonte dans la chambre et se couche dans son lit. Elle veut à nouveau essayer de dormir, ferme les yeux pour tenter de replonger dans le sommeil, mais Gaston crie son nom, lui demandant de descendre : elle se lève, péniblement, et descend à nouveau dans le salon.
- Regarde ça, Danielle, ça peut t'intéresser.
Gaston manipule la télécommande pour faire revenir le direct en arrière, et remet en lecture : il s'agit d'un journal télévisé dans lequel la présentatrice parle de la mort de Rolland, des voisins, et de Mireille Card. D'après un invité, un responsable de la police de Paris, son service est à la recherche d'informations concernant un certain Max Card, petit-fils de Mireille Card, qui est possiblement impliqué dans la tragédie.
- Dis, Danielle, tu connais ce Max ?
- J'ai peut-être une idée, Gaston.
- Laquelle ?
- Je monte dans ma chambre, je reviens.
Danielle monte les escaliers rapidement, entre dans sa chambre et fouille dans sa valise. Elle retrouve sans problème le papier que lui a laissé son père, avec l'adresse de la personne qui l'a connue dans son enfance, mais elle cherche autre chose. Elle tombe enfin ce sur quoi elle cherche à remettre la main : le papier qu'elle a trouvé sous la tête de Mireille Card, à l'hôpital, faisant mention de Paul et Max comme les deux derniers descendants d'une famille maudite. Elle pose les deux papiers sur la table, récupère des vêtements pas trop sales et prend une douche. Une fois propre et habillée elle range toutes ses affaires dans sa valise, qu'elle emmène avec elle, met son sac d'aventure sur le dos et descend dans le salon.
- Monsieur et Madame Fradier, merci de m'avoir accueilli ces derniers jours. Je vais partir.
- Déjà ? Que comptes-tu faire ? Et comment tu vas t'organiser pour la maison ?
- Ha, ça...
Elle prend une feuille de papier et un stylo sur la table, et écrit quelque chose qu'elle signe : il s'agit d'une procuration, donnant les pleins droits à Gaston et sa femme pour gérer la revente de la maison de ses parents.
- Je vous donne cette procuration pour gérer la revente de la maison, s'il vous plaît : j'aimerais la vendre et qu'on se partage l'argent de la vente, pour vous remercier de ce que vous avez fait pour moi.
- Nous n'avons besoin de rien, Danielle, et ça nous a fait plaisir de t'accueillir. On espère seulement que tu vas bien.
- Je vais mieux, un peu, et ça va continuer à aller mieux. Je vais aller sur Paris pour trouver un travail, et m'y installer.
- Et pour le logement, tu comptes faire comment ?
- Mes parents n'ont jamais revendu l'appartement à côté de la gare du Nord, et il est vide aux dernières nouvelles : je vais m'y installer.
- D'accord. Est-ce qu'on peut faire quoi que ce soit d'autre pour toi ?
- Non, vous avez déjà fait beaucoup. Merci énormément. Au revoir.
- À bientôt Danielle.
Elle sort de la maison, se retourne pour dire au revoir une dernière fois, et se dirige vers la maison de ses parents. Tout en marchant, et en trainant sa valise, elle appelle une compagnie de taxi pour être prise en charge devant chez elle. Un policier est sur place, et effectue des recherches dans la maison.
- Excusez-moi...
- Bonjour Danielle, que veux-tu ?
- J'aimerais récupérer des affaires dans ma chambre pour partir sur Paris, ainsi qu'un truc dans le salon.
- Tu vas partir définitivement ?
- Oui, maintenant que mes parents ne sont plus là je vais aller faire ma vie ailleurs, en espérant y trouver ma place.
- J'espère que tout se passera bien pour toi. Tu peux nous montrer tout ce que tu prends, s'il te plaît ?
- C'est obligé ?
- C'est la procédure, on ne peut rien laisser sortir de la maison sans qu'on en ait une trace : on effectuera des photos de ce que tu prendras avec toi.
- D'accord.
Danielle laisse sa valise dans l'entrée et monte dans sa chambre, seule. Elle récupère dans son bureau, caché derrière une pile de livres, un dossier qu'elle glisse dans son sac à dos. Elle prend également un guide touristique contenant différentes adresses de restaurants dans Paris. Elle descend et montre le guide au policier, qui en fait des photos. Elle le pose sur sa valise et se rend au salon : dans un grand buffet elle sort deux feuilles de papier qu'elle montre au policier.
- C'est quoi ?
- Ce sont les deux derniers relevés de comptes de mes parents.
- Et pourquoi tu en as besoin ?
- Pour pouvoir faire plus tard un état de mon compte et m'assurer ne pas m'être faite avoir quand les transferts ont été effectués sur mon compte.
- D'accord.
Pendant que le policier place les deux feuilles sur une table, pour les prendre en photo, Danielle récupère discrètement trois livrets de famille, ainsi qu'une enveloppe, qu'elle glisse dans son sac. Une fois que le policier a terminé, elle récupère les deux feuilles et les range, avec le guide, dans sa valise.
- Et bien bonne chance pour la suite, Danielle, j'espère que tout se passera bien pour toi.
- Merci, monsieur. Au revoir.
- Tu veux qu'on te dépose à Auxerre en voiture, pour aller prendre ton train ?
- Non merci, ça ira : j'ai commandé un taxi qui devrait arriver d'un instant à l'autre.
Elle sort de la maison et attend une dizaine de minutes. Lorsque le taxi arrive elle glisse sa valise dans le coffre, s'assied à l'arrière et se laisse emmener à Auxerre pour prendre un train.