La grande évasion

Danielle s'approche de son père, le prend dans ses bras et se met à pleurer : il n'y a pas besoin de mots, la douleur qui le touche est suffisamment explicite. Le décès a eu lieu dans la nuit : les blessures de Stéphanie, causées par l'accident de voiture, ont été trop violentes. Après un instant Rolland se calme et, en apercevant Paul, s'approche de lui et l'attrape par le col.
- Pourquoi t'as entraîné ma fille dans une virée de délinquance ?
- Non, papa, c'est moi qui l'ai suivi. Et nous ne sommes pas des délinquants.
Il regarde sa fille, lâche Paul et l'écoute : elle lui explique tout ce qui leur était arrivé, depuis leur départ le vendredi soir, et sort les dossiers qu'ils ont trouvé à l'hôpital. Bien évidemment elle n'évoque pas ce qui s'est déroulé la nuit précédente, entre elle et Paul à l'hôtel. Rolland consulte les dossiers minutieusement : la douleur de la perte de sa femme est très forte, certes, mais ces informations font prendre le dessus à l'enquêteur qu'il est au plus profond de lui.
- Bon, je vais ajouter ce que vous avez ramené avec mes dossiers que j'ai sur l'affaire de Paul. Mais on verra ça plus tard, il faut organiser les funérailles de ta mère avant.
Rolland fond à nouveau en larmes. Danielle souhaite ne rester qu'avec son père, et demande à Paul de partir : celui-ci leur présente ses condoléances, ses excuses pour cette aventure sur Paris, et s'en va. Père et fille entrent dans le bâtiment principal, et Rolland demande un médecin qui arrive quelques minutes plus tard : il les conduit à la chambre mortuaire de l'hôpital. Ils approchent de l'entrée, qui se trouve au bout d'un couloir, lorsque la porte s'ouvre : Mireille Card en sort, avançant lentement et se tenant avec une canne. Danielle est prise d'une colère et va se planter devant la vieille femme.
- Est-ce que vous le saviez ?
- Je suis fatiguée, jeune fille, laissez-moi passer s'il vous plaît.
- Est-ce que vous le saviez, que Paul est votre cousin.
- Laissez-moi passer s'il vous plaît.
Danielle veut lui attraper la canne, pour l'empêcher de partir et la forcer à répondre à ses questions, mais son père l'en empêche : il la serre dans ses bras et la recule, pour laisser passer cette vieille femme qui veut partir. Danielle se calme et ils entrent dans la chambre mortuaire : une dizaine de cercueils sont présents dans la salle, autour de certains d'entre eux se recueillent des gens. Le médecin leur indiqua celui dans lequel repose le corps de Stéphanie. Rolland et Danielle s'approchent, font chacun un baiser sur le font de celle qui les a quittés définitivement, et ils partent. Une fois rentrés à la maison Rolland est sur le point de proposer à sa fille de se reposer, pendant qu'il va s'occuper d'entamer les démarches pour l'enterrement de sa femme, lorsque quelqu'un frappe à la porte. Danielle va ouvrir : il s'agit de deux agents de police, deux collègues de Rolland qu'il reconnaît immédiatement.
- Salut Tanguy et Damien, c'est pour quoi ?
- Désolé, Rolland, mais nous devons arrêter ta fille et l'interroger pour ce qui s'est passé sur l'autoroute et à Paris.
- Nous venons de perdre Stéphanie, on rentre à peine de l'hôpital : ça ne peut pas attendre demain ?
- Les ordres sont stricts, on n'a pas le choix. Mais tu peux venir si tu veux.
- Pas de menottes s'il vous plaît, au moins ça.
- Pas de souci, Rolland, tu es de la famille et on ne vous fera pas ça.
Danielle pose son sac dans le salon. Accompagnée de son père, tous les deux suivent les policiers jusqu'à leur voiture pour être emmenés au commissariat. Une fois arrivés sur place, l'atmosphère est plutôt étrange : tous les regards se braquent sur Danielle, au fur et à mesure qu'elle arpente les couloirs, et juste avant d'entrer dans une salle d'interrogatoire elle voit Paul, de l'autre côté, qui est escorté par deux autres policiers. Elle entre, prend place sur une chaise, et son père s'installe à côté d'elle. Ils attendent depuis un petit moment, dans le silence, lorsqu'une femme et un homme entrent : Danielle ne les a jamais vus, Rolland non plus apparemment.
- Bonjour, vous êtes nouveaux au commissariat ?
- Nous sommes les inspecteurs Martin et Duquenois, de la police de Paris. Nous sommes en charge de mener l'interrogatoire de mademoiselle Danielle Ventisci. Elle a dix-huit ans, je crois, vous ne devriez pas être là monsieur ?
- Je suis de la maison, et je tiens à être présent à l'interrogatoire. Ma fille est, au passage, encore au lycée.
- C'est d'accord. Bon, commençons.
Danielle répond aux questions qui lui sont posées, au fur et à mesure, concernant l'agression sur l'autoroute et le vol de la voiture, l'intrusion dans l'hôpital à Paris, ainsi que l'agression d'un agent de police à Paris.
- Donc c'est l'homme sur l'autoroute qui a eu un comportement agressif et menaçant vis-à-vis de monsieur Jouanet et vous en premier ?
- Tout à fait.
- Pourquoi ne pas avoir attendu les secours, au lieu de partir en volant la voiture de cet homme ?
- Nous voulions à tout prix aller à Paris trouver des documents concernant Mireille Card, et nous supposions qu'en attendant les secours on nous aurait obligé à rentrer à la maison.
- Avez-vous volé autre chose que les documents que vous nous avez déclarés, à l'hôpital ?
- Non, on a seulement pris le dossier de Mireille Card.
- Où est ce document maintenant ?
- On l'a perdu dans les souterrains de l'hôpital, quand on essayait de fuir.
- Êtes-vous complice de l'assassinat d'un agent de police à Paris ?
- Comment ça ?
- Un lapin lui a été jeté par Paul Jouanet, il l'a attrapé, s'est fait mordre et a été contaminé par une maladie qui l'a tué en moins de cinq heures.
- Non, je ne suis pas au courant. Ce lapin appartient à un homme qu'on a rencontré sur le champ de Mars.
- Nous avons toutes nos réponses. Vous êtes dès maintenant placée en garde à vue, et serez déférée demain auprès d'un juge.
Rolland se lève, complètement choqué par cette décision.
- Pourquoi vous enfermez ma fille ? Elle ne va pas fuir le pays d'ici demain.
- Désolé, monsieur, mais on applique la procédure. Elle est impliquée dans l'agression d'un homme qui porte plainte, elle est également impliquée dans la mort d'un agent de police en fonction, et son intrusion dans l'hôpital a déstabilisé plusieurs services qui ont mis en danger la vie de plusieurs patients.
- Elle ne peut pas attendre à la maison, et je m'engage à la présenter demain ?
- Sa capacité à faire l'aller-retour entre Auxerre et Paris, hors de nos radars, laissent un doute raisonnable sur une potentielle fuite : nous ne pouvons pas, désolé.
- Tu veux que je reste en garde à vue avec toi jusqu'à demain, ma puce ?
- Non, papa, ça ira. Va te reposer à la maison, le décès de maman a été une terrible épreuve, tu as besoin de récupérer.
- Je viendrai demain à la première heure te soutenir. Tiens-bon.
Rolland fait une bise sur la joue de Danielle et la regarde partir. Elle est emmenée jusqu'à une cellule.
- Celle-ci prend des courants d'airs à cause de l'ouverture, c'est possible d'aller dans celle d'à côté sans fenêtre s'il vous plaît ?
- Je n'y vois pas d'objection, c'est d'accord.
On lui retire ses chaussures, on lui donne une bouteille d'eau et elle se retrouve enfermée.
Peu de temps après arrive Paul, conduit par deux policiers, et il se retrouve enfermé dans la cellule voisine. La nuit est tombée, le commissariat est totalement silencieux, et derrière les barreaux Paul n'arrive pas à trouver le sommeil.
- Dis, Danielle, tu penses qu'on va aller en prison ?
- On ne mérite pas d'y aller, ne t'inquiète pas, ça ira.
- On a quand même tué un policier...
- Tu as tué, je n'étais pas présente quand tu lui as jeté ce lapin !
- Et à l'hôpital, tu penses vraiment qu'on a mis la vie de différentes personnes en danger ?
- Sur ce point je pense qu'ils cherchent à nous intimider.
- Et maintenant on fait quoi ? On s'évade ?
- Tu as une idée de génie pour nous sortir d'ici ?
- J'ai vu La Grande Évasion, un jour, à la télévision : on pourrait s'en inspirer pour sortir d'ici ?
- Allez, bonne nuit !
Danielle se couche et tente de dormir.
Le lendemain matin Rolland les rejoint et ils sont emmenés au tribunal d'Auxerre. Sur place un oncle de Paul les attend, il s'est déclaré avocat pour les deux jeunes.
Dans l'affaire qui oppose Danielle et Paul au chauffeur rencontré sur l'autoroute, ils sont déclarés innocents : le passé de l'homme qui a voulu les agresser ne joue pas en sa faveur, et sa version de l'histoire contient des incohérences flagrantes. Dans celle de Danielle et Paul par rapport à l'hôpital, ils sont également reconnus innocents car ils n'ont causé aucun décès indirect, et leur incursion n'a causé finalement aucun trouble à l'organisation des différents services. Enfin, concernant la mort du policier, ils sont déclarés non coupables : le lapin, qui a été retrouvé lors de l'enquête, est atteint d'une maladie que ses propriétaires connaissent, et n'ont réalisé aucune démarche pour le soigner.
En sortant de la salle du tribunal Rolland serre fort sa fille dans ses bras, et Rose fait de même avec Paul. Ils remercient l'avocat d'avoir sorti leurs enfants d'affaire, et rentrent chez eux. Le lendemain midi Paul, accompagné de sa mère Rose, ainsi que de Mimose, se rendent chez leurs voisins pour déjeuner, officiellement pour les soutenir après le décès de la femme Rolland : officieusement celui-ci a organisé avec Danielle cette rencontre pour leur faire part des informations trouvées par les jeunes à Paris, pour les mettre en face de cette vérité. Le repas se passe parfaitement bien, tout le monde est ravi de ce qu'a préparé Danielle pour le plat principal et le dessert, et au moment du café Rolland ramène de son bureau des dossiers, qu'il pose sur la table, en regardant Mimose droit dans les yeux.
- Bon, si je vous ai invité ce midi, ce n'était pas que pour le déjeuner je dois bien avouer, mais pour faire un point sur l'escapade de Paul et Danielle à Paris. Mimose, es-tu bien la grand-mère de Paul ?
- Pourquoi me demandes-tu ça, Rolland ?
- Voici les dossiers qu'ils ont trouvés, et l'arbre généalogique que nous avons pu en déduire.
Rolland avance les différents documents au milieu de la table, ouverts, afin que tous ses invités puissent les lire : le visage de Mimose se décompose, celui de Rose reste impassible mais vire au rouge.
- Je ne comprends pas pourquoi ces documents existent. Ils...
- Laisse, Rose, je vais tout expliquer.
Rose, qui est sur le point de nier ce que Rolland leur a présenté, se fait couper par Mimose qui décide de raconter la vérité sur leur famille. Ainsi oui, Mimose et Rose ne sont pas mère et fille, mais bien deux sœurs. La vérité, que Mimose sait depuis toujours, n'a été révélée à Rose que lorsqu'elle a mis au monde Paul : elles ont décidé, à partir de ce moment, de conserver ce secret, sans en parler à quiconque, pour enterrer définitivement cette histoire familiale qui ne mérite pas d'être préservée.
Ainsi, par le passé, Huguette avait donné naissance à Rose alors qu'elle était âgée de soixante-huit ans, et vu son âge avancé et son état de forme assez faible, elle avait fait élever sa dernière fille par Mimose, qui était alors âgée de vingt-trois ans, et le lien de maternité avait été caché pour que ça soit moins perturbant pour la petite. Cependant elles n'avaient jamais eu connaissance de leur première sœur, Aurore Bernard : elles savaient qu'elle existait, que leur mère avait eu cette fille à l'âge de douze ans, abandonnée à sa naissance, mais ne l'avaient jamais rencontrée et jamais entendu parler d'elle depuis.
Suite à cette déclaration de Mimose, Paul éclate en sanglots et part. Danielle, intéressée par cette révélation, ne voit qu'une seule solution : il faut aller rendre visite à Mireille Card, avoir sa version et savoir si elle a connaissance de sa mère et sa grand-mère. Rolland passe un coup de téléphone à l'hôpital pour savoir si la vieille femme y est toujours : oui, mais elle est dans un très mauvais état de santé. Ils attendent que Paul soit calmé pour partir. Ils vont tous les cinq à l'hôpital d'Auxerre : ils récupèrent le numéro de chambre de Mirelle Card à l'accueil et s'y rendent. Arrivés à la chambre ils découvrent la veille femme allongée, les yeux fermés, dans un lit, avec un masque sur le visage pour l'oxygéner. Ils s'approchent, en faisant volontairement du bruit pour tenter de la réveiller, mais ça n'a aucun effet. Une fois arrivés au pied de son lit, Mimose n'est pas loin de tomber.
- Mais... cette femme...
- Quoi, Mimose, tu la connais ?
- Je crois.
- C'est-à-dire ?
- Elle a été l'amante d'un de mes compagnons, si je ne me trompe pas.
- Il y a longtemps ?
- Il y a pas mal d'années, mais je crois la reconnaître.
Tout le monde se rapproche davantage de cette femme, allongée. Rolland frappe dans ses mains, pour tenter de la réveiller : ça n'a aucun effet. Il secoue l'épaule de Mireille Card : toujours rien. Il soulève le masque et passe sa main devant son nez, pour s'assurer qu'elle respire bien : aucun mouvement d'air, il faut appeler les médecins en urgences. Un docteur et deux infirmières arrivent en un rien de temps, avec un défibrillateur, pour tenter de la réanimer. Après plusieurs tentatives il n'en est rien, le constat est sans appel : Mireille Card est décédée, et n'a donc pas pu révéler les secrets de sa famille. Tout le monde, à l'exception de Danielle, sort : ils vont prendre un café à la cafétéria, avant de rentrer à la maison. Elle reste dans la pièce, réfléchissant, et tente de trouver un indice que cette vieille femme pourrait avoir laissé. Elle fouilla un peu partout dans la chambre, et sous la tête de Mireille, plus précisément sous son oreiller, Danielle trouve une feuille de papier.
« C'est la fin, je m'en vais, je m'évade de ce corps qui a accueilli une âme tourmentée depuis sa naissance, je m'enfuis de cette vie qui n'a été que souffrance au fur et à mesure des découvertes sur ma famille. J'ai mené la pire vie, et ai accompli les pires choses pour être certaine de rejoindre maman en enfer. Paul et Max sont les deux derniers descendants de notre famille, en espérant qu'ils mettent fin à notre généalogie maudite. Signé Mireille. »
Danielle replie le papier, le range dans une de ses poches et sort de la chambre. Elle va rejoindre son père et les autres.
- Enfin tu es là, Danielle, tu étais où ?
- Je me baladais dans les couloirs, en pensant à maman.
- Et tu vas bien ?
- Oui, ça va. Bon, on rentre alors ?
- Oui, malheureusement on ne pourra pas en savoir plus concernant Mireille Card.
Tout ce petit monde rentre à Toucy, et chacun retourne chez soi.
Le lendemain, en début d'après-midi, Rolland et Danielle se rendent au commissariat : les policiers ont organisé un pot pour rendre hommage à Stéphanie et présenter leurs condoléances à eux deux. Entre deux discutions, un collègue de l'équipe scientifique appelle Rolland et lui demanda de le suivre dans le laboratoire. Danielle emboîte le pas à son père, ce qui ne semble pas souhaité.
- Mademoiselle, ce n'est peut-être pas nécessaire que vous veniez avec nous.
- Dis, papa, je peux rester avec toi s'il te plaît ?
- Dis, Bertrand, pourquoi tu veux me voir ?
- C'est une information plutôt étonnante par rapport à la bouteille qui contenait les différents ADN, Rolland.
- C'est bon, elle peut venir.
Une fois qu'ils arrivent au laboratoire, le scientifique va récupérer une feuille de papier, sur un clavier d'ordinateur, qu'il donne à Rolland : Danielle regarde par-dessus son épaule.
- Donc concernant les ADN retrouvés dans la bouteille, nous avons pu en identifier quatre-vingt-sept sur cent.
- D'accord, ça fait beaucoup de noms.
- Paul est bien dans la liste, et tu y figures aussi Rolland. Tu as eu une relation sexuelle avec cette femme ?
- Je crois que oui. Au début de ma relation avec Stéphanie, quand notre couple n'était pas encore renforcé, je l'ai trompée une fois, et c'était avec une femme plus âgée que moi : c'était très certainement elle.
- Papa, tu as trompé maman ?
- Je lui ai avoué, je lui ai demandé pardon à l'époque, et elle m'avait pardonné ma puce.
- Et donc, Rolland, concernant les non identifiés il y en a un qui a notamment qui un lien de parenté avec Stéphanie, un fils apparemment : ça te dit quelque chose ?
- Elle a eu différentes relations avant qu'on se rencontre, mais elle ne m'a jamais fait mention d'un fils. S'il elle en avait eu un, avant de me rencontrer, elle me l'aurait dit, et elle en aurait eu la garde, Bertrand ?
- Dans certains cas non, pas spécialement, selon le cadre familial et l'état de la mère au moment de la séparation.
Danielle attrape le bras de son père pour attirer son regard.
- En plus, papa, quand tu vois ce qui s'est passé pour elle, tu penses que maman aurait pu donner naissance à un enfant et l'abandonner à sa naissance comme l'a fait sa mère ?
- Mais alors, chérie, ça pourrait signifier...
- Oui, il y a une possibilité pour que Mireille Card soit la mère de maman, au niveau des âges ça colle, et donc la vieille a eu des relations avec tous les hommes de l'entourage des descendantes de Huguette Jouanet.
- Mais pour quelle raison, ma puce ?
- La vengeance, la haine probablement. Il faudrait savoir si maman a eu un autre enfant avant de te rencontrer.
- Mais sinon, tu ne penses pas qu'il se pourrait que...
- Clairement pas : il s'en souviendrait, et ce n'est pas le cas.
- Il y a une période durant laquelle on l'a perdu...
Bertrand les interrompt pendant leur réflexion.
- Bon, Rolland, je te laisse cette liste, en espérant que ça puisse te servir pour retrouver cet enfant notamment.
- Merci, Bertrand, t'es le meilleur.
Après avoir passé un dernier moment dans le commissariat, à recevoir les condoléances des collègues de Rolland, Danielle et lui rentrent à la maison.
Le lendemain soir ils se rendent chez leurs voisins, ils ont été invités, et Rolland prend la liste avec lui. Après le repas il la montre à Rose et Mimose. Elles reconnaissent, à elles deux, quatre-vingt-six des noms présents sur la liste : tous ces hommes ont été leurs conjoints, à différents moments de leurs vies. Rolland en est certain, le quatre-vingt-septième est l'homme avec qui sa défunte femme Stéphanie a été en couple, avant qu'ils se rencontrent. Ainsi, durant sa vie, Mireille Card a eu des relations avec les hommes qui ont partagé les vies de Mimose, Rose et Stéphanie. Une vengeance en l'honneur de sa mère, abandonnée à sa naissance contrairement à ses deux autres sœurs ?