Attention : mauvaise alimentation !

11/07/2022

Danielle rentre chez elle en toute hâte, à moitié essoufflée : elle a vu, quelques secondes avant, Paul en train de la suivre, qui a tenté de l'appeler, mais elle ne veut surtout pas qu'on l'aperçoive lui parler. Ainsi elle s'est dépêchée de rentrer chez elle, à l'abri dans sa maison.

Elle entre et, une fois la porte refermée, peut enfin respirer et se sentir soulagée. Cependant, alors qu'elle reprend son souffle, elle sent une odeur de cigarette flotter. Elle va voir dans le salon : son père et un collègue de travail sont en train de jouer aux cartes en fumant, en buvant, et en mangeant une pizza.

- Bonjour Gaston.

- Bonjour Danielle.

- Bonjour papa. Tu n'as pas peur que maman s'aperçoive que tu fumes et boives de l'alcool ?

- Ne t'inquiètes pas ma puce, j'aèrerai avant qu'elle rentre et j'irai me faire vomir dans les toilettes pour me purger de l'alcool.

- Comme tu veux. Au fait notre voisin, Paul, c'est un vrai pervers !

- Pourquoi tu dis ça ? Il a l'air d'être un garçon plutôt sérieux.

- Il s'est exhibé, complètement nu, à la sortie du lycée.

- Mince... tu es la seule à l'avoir vu, ou d'autres personnes également ?

- Tout les élèves du lycée papa !

- Effectivement. Bon, on finit la partie de cartes et j'irai le voir après.

- Et dis-lui de ne pas m'approcher, s'il te plaît, il me fait peur.

- D'accord, ce sera fait.

- Merci papa !

Danielle prend une part de pizza et se dirige vers les escaliers.

- Dis donc, ma puce. Tu as ce concours de miss après le bac, ce n'est pas une bonne idée de faire des écarts en mangeant une pizza ? Tu ne devais pas bannir la mauvaise alimentation ?

- Ne t'inquiète pas, papa, j'irai me faire vomir aux toilettes pour éviter les kilos indésirables !

- Une fille digne de son père. Bisous mon cœur !

- Bisous papa.

Elle monte dans sa chambre, laissant son père et son ami à leur occupation. Rolland aime énormément sa fille, à qui il ne peut rien refuser : elle est intelligente, ambitieuse, courageuse, et surtout sait garder des secrets qui pourraient faire exploser son couple. Un couple qu'il forme depuis maintenant une vingtaine d'années avec Stéphanie, qui est infirmière à l'hôpital d'Auxerre. Ils se sont rencontrés et se sont aimés rapidement par leur origine commune, tous deux abandonnés par leurs parents à leurs naissances, et c'est la raison pour laquelle ils chérissent leur fille et font tout pour la rendre heureuse. Policier municipal depuis quasiment dix-sept ans, proche de la retraite, il adore son métier mais s'ennuie terriblement. Dans la petite ville de Toucy, dans l'Yonne, il ne se passe jamais rien : aucune agression, aucun vol, même pas un passage piéton non respecté. Il ne se passe tellement rien qu'il traîne pas mal d'après-midis avec Gaston, son coéquipier et ami de toujours, à la maison à jouer aux cartes et refaire le monde. D'ailleurs, ils passent tellement de temps à refaire le monde qu'il ne doit plus ressembler à grand-chose depuis. Cet après-midi-là ils jouent, comme à leur habitude, jusqu'à la fin de service pour rentrer au dépôt. Un quart d'heure avant la fin de leur poste, alors qu'ils s'apprêtent à retourner pointer leur fin de journée, ils reçoivent un appel radio.

- Allo, patrouille Alpha, ici la base. Nous avons reçu un appel pour une personne âgée qui ne répond pas, il faudrait que vous alliez voir s'il vous plaît.

- Entendu, qui est la personne et qu'elle est l'adresse ?

- Madame Card, qui habite au 13 rue des montagnes, au cinquième étage.

- Je connais, c'est en face du lycée de ma fille. On y est dans dix minutes.

- C'est noté, je préviens l'habitant qui nous a prévenu. Terminé.

Rolland et Gaston sortent de la maison, montent dans la voiture de police et se mettent en route. Après quelques minutes ils arrivent à l'adresse : un homme attend devant l'entrée de l'immeuble, et se dirige vers eux en les voyant arriver. Les deux policiers sortent du véhicule.

- Bonjour messieurs, c'est moi qui ai appelé pour madame Card. Je prends de ses nouvelles chaque jour, vers dix-huit heures, et elle ne répond pas aujourd'hui.

- Pas de souci. C'est très certainement une sieste qui dure, on va aller voir ça. Vous pouvez nous ouvrir pour monter jusque chez elle ?

- Bien sûr, suivez-moi.

Ils suivent l'homme, pénètrent dans l'immeuble et montent les cinq étages à pied. Rolland frappe à la porte.

- Madame Card, c'est la police. Pouvez-vous nous ouvrir s'il vous plaît ?

Au bout d'une minute, sans réponse, il frappe à nouveau la porte. Au bout de deux minutes il demande à l'homme, qui a appelé les secours, de reculer et de les laisser, lui et son collègue, forcer la porte. Gaston court, épaule en avant, pour défoncer la porte : aucun effet. Rolland s'approche et tourne la poignée : elle n'est pas verrouillée. Ils prennent leurs armes à la main, prêts à réagir à n'importe quelle situation, et pénètrent dans l'appartement. Il n'y a aucun bruit suspect, tout semble calme. En se rendant dans le salon, dont le sol est jonché de billets, ils aperçoivent, allongée de tout son long et sans conscience, une femme âgée, au milieu de tout cet argent en désordre. Ils demandent à l'homme, qui est resté dehors, de les rejoindre quelques instants.

- C'est elle, la dame dont vous n'aviez pas de nouvelles ?

- Ho ! Mon Dieu ! Mireille ! Mais qu'est-il arrivé ?

- On va vérifier ça, monsieur. Veuillez sortir, veuillez rentrer chez vous, on s'occupe de tout.

Une fois que l'homme est parti, Rolland demande à Gaston d'aller chercher le matériel d'investigation dans la voiture : pendant ce temps il entame un rapide tour de l'appartement. Toutes les pièces sont vides, aucun bruit suspect n'est audible, la seule présence semble être cette femme inconsciente. Sur la tête de la dame se voit une trace de sang, qui s'étend également au sol, avec quelques gouttes qui vont jusqu'à la cuisine. Un globe terrestre en bois se trouve au sol, à côté d'un fauteuil. Ce salon dégage une ambiance assez étrange : sur les murs sont exposés des dizaines de photos, de peintures, représentant des pénis en érection. Une fois Gaston de retour, avec une plutôt grosse valise, ils l'ouvrent et récupèrent différents outils, notamment une paire de lunettes, mettent des gants et commencent les recherches.

- Au fait, Rolland, tu as appelé les pompiers ?

- Tu ne l'as pas fait ?

- Bah non, tu ne me l'as pas demandé !

- Allo centrale, ici patrouille Alpha. On a retrouvé madame Card, elle semble avoir été victime d'une agression à son domicile. Envoyez immédiatement un véhicule de pompiers pour la prendre en charge s'il vous plaît.

- C'est noté, on s'en occupe. Terminé.

Rolland se penche vers le globe en bois, qui est recouvert d'un liquide rouge sur le haut, et d'une étrange substance plutôt blanche au pied. Il touche ce qui semble être du sang, et le porte au niveau de sa langue pour goûter.

- Je confirme, c'est du sang.

- Tu prends des risques, Rolland. On devrait peut-être faire des prélèvements et donner ça au secteur scientifique ?

- Si on peut gagner du temps, pourquoi s'en priver !

Il prend un peu de la substance blanchâtre et la porte à sa bouche.

- Ha, ça c'est du sperme.

- Comment tu connais le goût que ça a, Rolland ?

- Avant de me caser avec ma femme j'ai été curieux, et j'ai eu différentes relations.

- Tu ne m'en a jamais parlé ?

- J'ai mon petit jardin secret, allons ! Par contre si on chope le gars faudra lui dire de faire attention : vu le goût, il a une mauvaise alimentation.

- C'est noté. On regarde s'il a laissé des traces ailleurs ?

- Oui, bien sûr !

Rolland met une paire de gants, ainsi que ses lunettes, et allume une lumière bleue : il perçoit des traces de sperme à côté d'un fauteuil, posé contre le mur. Ces traces forment une fine ligne qui va jusqu'à la cuisine, puis sur le balcon. Il aperçoit une porte au bout du balcon, sûrement une remise. Le coupable est-il encore là ? Il reprend son arme et s'approche doucement. Il ouvre d'un coup sec la porte : personne ne s'y trouve. Il y a, sur des étagères, des rouleaux d'essuie-tout, beaucoup de rouleaux. Un peu caché sur la droite, au sol, se trouve une étrange bouteille d'environ deux litres qui contient un liquide étrange. Rolland l'ouvre : une odeur immonde en sort. Il la referme instantanément et la ramène dans le salon.

- C'est quoi, ça, Rolland ?

- Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la sensation que ça présente un certain intérêt.

Au bout de quelques minutes une équipe de pompiers les rejoint pour prendre la victime en charge, ainsi qu'une équipe scientifique pour faire des prélèvements dans l'appartement. Rolland leur confie la bouteille, leur indique les zones dans lesquelles il a perçu différentes traces, puis retourne au commissariat avec Gaston pour leur fin de journée.

Le lendemain matin, pour leur prise de poste, Rolland et Gaston apprennent que la vieille femme est saine et sauve, à l'hôpital, et que l'équipe scientifique a mis à jour des informations intéressantes. Ils se rendent au laboratoire.

- Salut les gars, alors ça a donné quoi vos investigations ?

- Alors le sperme retrouvé dans le salon est celui d'un homme...

- Quelle surprise !

- ... qui s'avère être Paul Jouanet, votre voisin Rolland.

- Pourquoi il est dans nos fichiers, ce garçon ?

- Il a été arrêté une fois pour conduite de scooter sans assurance.

- D'accord, on va aller l'interroger. Quoi d'autre ?

- On a trouvé ses empruntes dans le salon et la cuisine, ainsi que sur la porte du balcon.

- C'est tout ?

- Ha si, chose étrange : on a retrouvé le sang de Madame Card au sol, un peu dans la cuisine et sur le grand fauteuil noir.

- Et l'argent au sol, pas de traces dessus ?

- Des empreintes de Paul sur certains billets, l'argent comptabilisé s'élevait à mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq euros.

- Et la bouteille ? Vous l'avez analysée ?

- Bien évidemment, je gardais le plus glauque pour la fin ! Cette bouteille contient du sperme, et on a noté cent ADN différents dont celui de Paul !

- Ho... et les autres ?

- On va voir avec le fichier national si on tombe sur des correspondances, ça peut prendre du temps.

- Parfait. Bon, on va aller voir ce Paul. Bonne journée et merci !

On est vendredi, Rolland et Gaston se rendent alors au lycée : Paul s'y trouve bien, en train de suivre un cours de mathématiques quand ils débarquent dans la classe.

- Désolé de vous déranger, nous sommes venus voir Paul Jouanet.

- C'est pour quoi ?

- Nous avons des questions à te poser, et je pense que tu dois savoir pourquoi. Tu peux nous suivre au commissariat s'il te plaît ?

- D'accord, j'arrive.

Paul se lève, récupère ses affaires, et va rejoindre les policiers. Rolland, qui a repéré sa fille, lui fait un clin d'œil et un sourire, qu'elle lui rend. Un des élèves se lève, téléphone en main, alors que Paul s'apprête à sortir de la salle.

- Et c'est donc en ce vendredi que Paul le pervers est emmené par la police, nous ne le reverrons peut-être jamais !

Tandis que Paul, honteux, baisse la tête, Rolland s'agace.

- Du calme, Sylvain, vous ne savez pas pourquoi nous l'emmenons.

- Parce que c'est un gros porc qui aime se montrer nu !

Tous les élèves dans la salle explosent de rire, ce qui ne plaît pas à Rolland.

- Mais lui, au moins, n'a pas une mère qui s'est faite arrêtée en train de faire le tapin à Auxerre ! Bonne journée tout le monde !

Rolland ferme la porte sur des rires encore plus forts. Il fait un clin d'œil à Paul, qui l'a remercié, et vont à la voiture : Gaston s'installe à l'arrière avec le jeune homme, et ils se rendent au commissariat. Tous les deux un café à la main, les policiers emmènent Paul dans une salle pour l'interroger.

- Bon, nous t'avons fait venir ici car on veut résoudre une enquête dans laquelle il y a une victime.

- La dame est décédée ?

- Non, heureusement, mais tu l'as bien amochée !

- Comment ça ?

- Ne fais pas l'innocent, s'il te plaît. Si tu nous dis spontanément la vérité, ça se passera bien et on trouvera la meilleure solution pour te sortir de tout ça.

- D'accord. Je répondrai à toutes vos questions.

- Bon, raconte-nous ce qui s'est passé avec Mireille Card hier s'il te plaît.

Paul leur raconte tout, en essayant d'être le plus précis possible, depuis la rencontre avec la vieille dame dans la rue, jusqu'à l'accident et qu'il s'en aille de chez elle.

- C'est donc elle qui t'a abordé dans la rue ?

- Oui.

- Tu ne l'as pas violée ?

- Non, c'est elle qui a voulu faire des choses avec moi.

- Et tu n'as pas refusé ?

- J'ai été curieux, je suis trop bête.

- Tu n'es pas bête, tu nous explique simplement ton ressenti et ce qui s'est passé. Pourquoi tu n'as pas contacté les secours quand elle a pris le globe sur la tête ?

- J'ai paniqué, j'ai d'abord cherché à tout essuyer, et sur le balcon les autres m'ont totalement déstabilisé. Alors je suis parti.

- Et donc, combien d'argent lui as-tu volé ?

- Je n'ai rien volé. Dans les deux-mille euros, j'ai pris quinze euros pour me rembourser la moitié du déjeuner et lui ai laissé le reste.

- Tu as la présence d'esprit de prendre ce qui te revient, mais pas de lui venir en aide ?

- Désolé. J'ai paniqué, j'ai pris l'argent du repas, je lui ai mis de l'essuie-tout sur la tête et suis parti.

- Je crois que c'est bon pour moi. Tu as des questions supplémentaires Gaston ?

- Non, c'est bon.

- Et maintenant, monsieur, il va m'arriver quoi ?

- On va aller prendre la déposition de cette femme, qui s'en est sortie, et après on verra. Si tu dis la vérité, et que madame Card ne nous révèle rien de plus, tu risques d'être mis en examen pour non-assistance à personne en danger.

- Et je risque d'aller en prison ?

- Elle va bien, c'est toujours moins pire que si elle était morte. En plus tu n'as jamais commis d'autre délit de ce genre. Et un bon avocat pourra trouver une parade avec les autres qui t'ont perturbé sur le balcon. Ta mère connait un avocat, ou a les moyens de t'en payer un ?

- Je ne sais pas du tout.

- On verra ça en temps voulu. Bon, on va te raccompagner chez toi.

- D'accord. Merci monsieur.

- Une petite chose, au fait, Paul : ma fille semble avoir peur de toi, garde tes distances avec elle s'il te plaît.

- D'accord monsieur.

- Très bien.

Une fois arrivés à destination, Rolland frappe à la porte de la maison de Paul : sa mère ouvre, totalement en panique, et prend son fils dans ses bras.

- Bonjour Rolland, merci d'avoir ramené mon fils !

- De rien Rose. Tiens, bonjour Mimose !

- Bonjour Rolland.

Mimose, la grand-mère de Paul et la mère de Rose, est présente chez eux : elle vit dans une maison de retraite, un peu plus loin en ville. Rolland leur raconte l'interrogatoire du jeune homme, qui a préféré monter dans sa chambre, ainsi que la suite de la procédure.

- Tout dépendra de ce que dira madame Card, alors. Tu pourras nous tenir au courant s'il te plaît ?

- Je ne pourrai rien vous révéler des informations de l'enquête, mais je ferai ce que je pourrai.

- Merci Rolland.

- Vous connaissez un avocat, au cas où ?

- Du côté de son père Paul a au moins un avocat, ça devrait le faire.

- Très bien. Au fait, Rose, fais attention à l'alimentation de ton fils : durant notre enquête on a vu qu'il mangeait très mal. Bon, j'y vais : bonne journée, à bientôt.

Rolland retrouve Gaston dans la voiture : il est midi, et ce dernier se demande s'ils vont déjeuner au commissariat ou alors chez lui. Non, pour une fois qu'il y a une enquête, un travail intéressant, il faut la faire passer en priorité : Rolland entraîne son collègue à l'hôpital. Une fois arrivés ils se rendent dans la chambre de Mireille Card, qui est réveillée.

- Bonjour madame Card. Nous venons prendre de vos nouvelles, et vous interroger sur ce qui s'est passé.

- C'était une agression terrible, j'ai eu tellement peur... je remercie Dieu d'être encore vivante !

- Quand même ! Bon, commençons par le commencement : est-ce lui ou vous qui a abordé l'autre dans la rue ?

- C'est moi, j'avais des sacs trop lourds pour rentrer chez moi et il était sur mon chemin.

- D'accord. Une fois arrivés chez vous, pourquoi il n'est pas reparti immédiatement ?

- Il a vu et était intéressé par un jeu de cartes, j'aime bien le poker : je lui ai proposé une partie en misant de l'argent et il a accepté.

- Et lui a misé quoi en retour ?

- Il a posé les clés d'un scooter en disant que c'était équivalent en prix.

- Très bien. Et après la partie, pourquoi il n'est pas immédiatement parti ?

- Il s'est énervé d'avoir perdu, il a voulu toutes mes économies. J'ai refusé, alors il a pris le globe et m'a frappée sur la tête avec.

- C'est noté. Vous ne vous souvenez de rien de l'agression sexuelle ? Quand vous êtes-vous réveillée ?

- Non, je ne me souviens de rien et n'ai repris connaissance qu'ici, à l'hôpital.

- Un détail qui nous interpelle : on a retrouvé une bouteille dans votre remise, sur le balcon. Elle contenait différents spermes, dont celui de votre visiteur. Comment le justifiez-vous ?

- Il m'avait déjà agressé par le passé ?

- Comment ça ?

- Je suis fatiguée, on pourra en reparler un autre jour s'il vous plaît ?

- Merci d'avoir répondu à nos questions madame. Bon, on va vous laisser vous reposer : bonne fin de journée.

En sortant de la chambre, un docteur les intercepte et les conduit dans un laboratoire d'analyse. Le kit de viol n'a révélé qu'un contact avec la bouche, un objet utilisé dans le vagin de madame Card, et un poil pubien de Paul s'est coincé dans un des ongles de la dame. La blessure à la tête a bien été faite par le globe en bois, mais pas forcément avec une grande force. Les deux policiers rentrent, avec ces informations, au commissariat : ils y tapent leurs rapports concernant les interrogatoires des deux protagonistes de l'affaire. Leur chef souhaite qu'ils étudient le dossier durant cette fin de journée, qu'ils fassent leurs premières conclusions d'ici quelques heures : Rolland, qui doit organiser l'anniversaire de sa fille pour le lendemain, aimerait rentrer chez lui et reporter l'enquête au lundi. Pour une fois qu'une enquête suscite de l'intérêt, que quelque chose d'intéressant se déroule en ville, le chef aurait souhaité qu'elle soit résolue le plus rapidement, mais il accorde tout de même la demande de son brigadier qui a toujours été exemplaire durant toutes ses années de service. Ainsi Rolland peut retourner chez lui avec quelques papiers et une boîte. Une fois arrivé il dépose une lettre à sa voisine, la mère de Paul, lui souhaite bonne soirée, et va retrouver sa famille. En entrant dans le salon il aperçoit sa femme, Stéphanie, ainsi que Danielle : elles sont sur l'ordinateur de la maison, très certainement en train de chercher quelque chose.

- Alors, vous avez trouvé ce qui plairait à notre puce demain ?

- Quasiment, ce sera une journée à Guédelon suivit d'une soirée dans un restaurant à Auxerre.

- Très bien, j'ai hâte d'être à demain !

- Dis, papa, alors ça donne quoi l'enquête sur le voisin ?

- Il y a des incohérences entre sa version et celle de madame Card. Cependant j'ai la sensation qu'il a été honnête, contrairement à elle.

- Et il va se passer quoi pour lui ?

- On va encore enquêter et on verra dans plusieurs jours. Mais ça n'est pas important, pour le moment concentrons-nous sur ton anniversaire !

- C'est bon, tout est réglé ! Je vais dans ma chambre en attendant le dîner !

Danielle laisse ses parents et monte dans sa chambre. Une fois arrivée en haut elle entend un coup sur sa fenêtre. Elle n'y porte aucun intérêt, pensant que c'est le fruit d'une imagination. Elle en entend un second, quelques secondes après. Elle va voir, et ouvre ses rideaux : Paul, depuis sa maison, envoyait des petits cailloux. Elle ouvre.

- Heureusement que tu es là, je n'avais quasiment plus de cailloux !

- Tu me veux quoi ? Je ne veux rien avoir affaire avec toi !

- J'ai besoin d'aide, s'il te plaît, pour ne pas aller en prison.

- En quoi ça me concerne ? C'est mon père qui est sur l'affaire !

- S'il te plaît ! La vieille dame a menti, et je ne sais pas comment m'en sortir : mes parents ne me croient pas !

- T'as pas un meilleur ami à qui parler ?

- Bah en fait... heu... non...

- Hum... Bon, j'arrive d'ici quelques minutes : on se retrouve devant la boulangerie, à côté.

Elle ferme sa fenêtre, prend une bouteille d'eau et part rejoindre Paul à la boulangerie.

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