Le harcèlement scolaire

01/03/2023

(Posté le 01/03/2023)


Chère lectrice, cher lecteur,


C'est l'actualité qui fait émerger cet article, ce sujet, qui est grave et pour lequel, à défaut que nos politiques trouvent une solution légale et convenable, il est nécessaire d'éveiller les esprits, pour une prise de conscience de ce fléau qui a toujours existé (moi-même j'ai subi le harcèlement scolaire sur mes années de 6ème et 5ème, jusqu'à ce que mon harceleur s'en lasse) et qui ne semble, hélas, pas prêt de s'arrêter.


Le sujet d'actualité, qui est mis en lumière aujourd'hui, est le cas du jeune Maël (prénom d'emprunt) : cet enfant, aujourd'hui âgé de 10 ans, a subi pendant 3 ans, par un enfant de sa classe, des coups, des humiliations et des insultes. Déscolarisé depuis le 1 décembre 2022, les solutions que proposent l'éducation nationale à ses parents sont lunaires : le jeune Maël doit changer d'école, ou alors être dans une autre classe que son harceleur. Ainsi c'est la victime qui doit s'adapter, ou partir, et le coupable est libre de continuer tranquillement sa vie (et peut toujours, en toute impunité, continuer de harceler d'autres élèves) : c'est clairement inaudible, et il faut se révolter contre un système totalement injuste.


Avant de traiter le sujet, il est important de rappeler aussi un autre fait, qui s'est déroulé il y a peu, et donc de comprendre le contexte dans lequel nous sommes. Le 7 janvier 2023, le jeune Lucas, 13 ans, a mis fin à ses jours après des mois de harcèlement scolaire, des moqueries et des insultes, principalement liées à son orientation sexuelle. Il semble qu'il faille donc attendre un drame, un acte irréparable, pour que la justice et les pouvoirs publics prennent un sujet au sérieux, et réagir : c'est la politique d'un gouvernement qu'on pourrait appeler « de communication », qui ne réagit qu'aux faits les plus importants, médiatiquement, en tentant, simplement, d'apporter une solution uniquement pour apaiser les tensions sociales. Quatre enfants âgés de 13 ans, deux garçons et deux filles, vont être jugés pour le délit de « harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide de la victimes », un délit créé le 2 mars 2022, et pour lequel ils sont passibles de dix ans d'emprisonnement et de 150.000€ d'amende. Mais bon, vu le laxisme de la justice, notamment au niveau des sentences et de l'application des peines, il est plus que probable que ces jeunes ne soient pas condamnés à cette peine maximale.

Suite à ce drame, il y a eu plusieurs interventions dont celle de Brigitte Macron, qui s'est exprimée sur le harcèlement de manière générale, ainsi que le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse en France Pap Ndiaye, qui lui a pris la parole concernant les harcèlements homophobes, en appelant à se mobiliser contre le harcèlement des élèves LGBT+.

Il faut donc qu'il y ait le suicide d'un enfant pour réagir, et si ça ne va pas jusqu'à ce point tragique alors il n'y a pas lieu d'en parler ? Et quid des enfants harcelés pour des raisons de rang social, pour leur physique, ou toute autre raison que leur orientation sexuelle ?

Notons que des faits de suicides d'enfants, suite à du harcèlement scolaire, ne sont hélas pas nouveaux : il y a eu notamment l'affaire Marion Fraisse (jeune fille de 13 qui s'est donnée la mort le 13 février 2013), ou encore celle de Chanel (jeune fille de 12 ans qui s'est donnée la mort le 30 octobre 2021).


Revenons, maintenant, sur le cas de Maël. Pour lui, victimes de harcèlement depuis 3 ans, il subit actuellement une triple peine : il est victime de harcèlement, il est obligé de se déscolariser afin de soigner sa santé mentale, et son harceleur continue sa scolarité normalement dans l'établissement (et pratique le harcèlement sur un autre enfant, au passage). Si on exagère à peine, c'est comme si on quelqu'un provoque un accident de voiture, cause des blessures psychologiques aux autres conducteurs, mais vu qu'il n'y a pas de morts alors il peut continuer à rouler sans répondre de son accident : c'est totalement absurde. La déscolarisation, bien évidemment, est à la charge des parents et aucun accompagnement, aucune aide, n'est apportée aux parents, qui doivent adapter leur quotidien pour suivre un minimum l'apprentissage de leur enfant, malgré leurs activités professionnelles.

L'établissement scolaire, sur ce cas, n'apporte pas de réponse claire, se contentant de se référer à la loi qui n'est pas assez complète, pas assez développée, et ne veut pas prendre d'initiative, très certainement pour éviter d'être assigné en justice par les parents de l'élève harceleur. Est-ce normal ? Certainement pas. Si la loi est défaillante, il faut aller de l'avant et créer des précédents, pour punir le coupable de ses agissements, et donner du travail à nos législateurs pour réfléchir et modifier des lois trop vieilles.

Le rectorat, qui est resté sourd, pendant 2 ans, aux signalements des parents de Maël, a seulement réagi lorsque ces derniers ont porté plainte, qu'ils ont retiré leur enfant de l'école, et que l'affaire ait été médiatisée. Deux solutions ont été proposées : soit de mettre dans deux classes différentes Maël et son harceleur (ce qui ne le protège pas des intercours et de la cantine), soit de scolariser Maël dans une autre école. Donc le rectorat propose uniquement de déplacer la victime, de la mettre « loin » de son harceleur, mais en parallèle ne fait rien contre l'harceleur, et le laisse agir librement : les rectorats ont-ils pour consigne de ne pas faire de vague et de passer les affaires compliquées sous le tapis, de ne pas attaquer les problèmes ?

L'éducation nationale a reconnu, dans un mail envoyé aux parents de Maël, que leur enfant est effectivement victime de harcèlement scolaire, mais n'avance aucune solution pour le protéger, l'aider à s'en remettre, et mettre tout en œuvre pour qu'il puisse reprendre une scolarité et une vie normale. C'est très certainement le coup le plus terrible qu'ont pris les parents : les autorités publiques reconnaissent un crime, un préjudice, mais n'y apporte aucune solution. Ce manque de réaction, de solution trouvée, est une preuve criante de la défaillance de notre système pour protéger les enfants harcelés, aussi bien dans la réponse pénale que dans la prévention. Comment pourrait-on progresser ?


Pour progresser, il n'y a pas dix mille solutions : il faut créer ou modifier des lois, pour protéger les enfants victimes de harcèlements, et trouver des solutions pour empêcher les auteurs de continuer. Dans ce cadre, la sénatrice LR de Saône-et-Loire, Marie Mercier, veut une loi pour que les auteurs de harcèlements quittent les établissements. C'est un bon début de raisonnement, de solution, mais il faut aller bien plus loin, car en 2023 il est grand temps de frapper du poing sur la table.

Déjà, rappelons que le harcèlement n'est pas nouveau, il a de tout le temps existé, malheureusement, et s'est même aggravé avec l'apparition des téléphones portables et des réseaux sociaux.

Auparavant le harcèlement se limitait à l'école, et une fois rentré chez soit on était en sécurité. Aujourd'hui, même chez soi on peut être continuellement harcelé par téléphone (appels répétés ou messages), ou sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram ou encore TikTok).

La justice, si elle veut être complète et ne négliger personne, doit s'occuper des harceleurs et des personnes harcelées.

Pour les personnes harcelées, déjà, les solutions à mettre en place :

- un accompagnement psychologique pour aider l'enfant à aller mieux (ce qui implique davantage de psychologues scolaires, au besoin),

- garantir la protection des personnes qui dénoncent du harcèlement dont elles sont victimes, ou dont d'autres peuvent être victimes (sur ce cas il faudrait que, par exemple, le mouvement MeToo, qui est une libération nécessaire et vitale de la parole des femmes contre les cas d'agressions ou de harcèlements sexuels, puisse s'étendre ou trouver une autre forme, pour aider à libérer la parole des enfants, et les protéger en cas de représailles),

- ne pas hésiter à traduire en justice, au tribunal des mineurs, systématiquement les coupables de harcèlements, pour montrer que ce n'est pas un sujet pris à la légère, et donner confiance aux victimes au niveau de leurs droits, notamment celui d'avoir une vie tranquille.

Pour les harceleurs, il y a différentes mesures à mettre en place également :

- si le harcèlement est avéré, automatiser le renvoi de l'établissement,

- un accompagnement psychologique pour discerner d'éventuels soucis chez eux, et les aider à redevenir de jeunes enfants normaux (un enfant qui harcèle un autre enfant, ce n'est pas normal),

- traduire en justice, et ajuster des peines selon le harcèlement (la durée de répétition, le nombre de victimes, la nature du harcèlement, et la récidive),

- sanctionner les parents, selon les mêmes critères décris juste avant,

- sanctionner le corps enseignant qui a connaissance de faits de harcèlements, et qui ne fait rien,

- sanctionner les enfants complices ou témoins de faits de harcèlements, et qui se taisent, démentent, ou ne font rien,

- alourdir les sanctions si le harcèlement ne limite pas à l'école, et se propagent sur les réseaux sociaux ou par téléphone (si ça atteint la sphère privée de la victime).

Les peines, les sanctions, doivent exister et être fortes pour dissuader les jeunes de commettre des harcèlements, ainsi que les parents qui prennent ce mal sociétal trop à la légère. Et à côté de tout ce qui a été énoncé précédemment, aussi bien pour les victimes que les coupables, il faut également faire une campagne de sensibilisation. Il faut inciter les enfants victimes ou témoins de harcèlements de parler, de faire valoir leur parole, et surtout de leur donner l'assurance que s'ils dénoncent un tel fait, la justice sera de leur côté, et donc que le rapport de force sera de leur côté, et non celui des harceleurs. Et si les coupables de harcèlements osent des représailles contre des personnes qui les ont dénoncés, à juste titre, alors des sanctions complémentaires doivent être prévues.


Si on ne donne pas de l'assurance à la victime, si on laisse l'idée, dans l'esprit collectif, que l'harceleur arrive toujours à ses fins, alors le système est défaillant et ça ne fait que renforcer l'idéologie de la loi du plus fort, qui n'est pas acceptable dans la société française. Il est bon d'annoncer, et pour certains de rappeler, que de voir un enfant se faire harceler sans oser le dénoncer, que de voir un jeune souffrir en refusant de réagir, c'est ce qu'on appelle de la non-assistance à un enfant en danger.

Oui, c'est de la non-assistance à enfant en danger si on laisse faire le harcèlement, les harceleurs, et qu'on n'apporte aucune solution.

Ce n'est pas de ça que nous voulons, ce n'est pas d'une société qui tolère ces manquements que nous tolérons, et donc il est nécessaire de provoquer un changement, avant d'avoir d'autres suicides, avant d'avoir d'autres vies détruites, avant d'avoir d'autres familles qui souffrent. Ainsi il faut trouver également, au-delà des lois et des préventions, d'autres moyens de prévenir le harcèlement.

Le harcèlement scolaire peut avoir différentes raisons : une préférence sexuelle différente, la non appartenance à une communauté, avoir des parents moins riches et donc moins élevé socialement, ou encore être physiquement plus petit et plus frêle que les autres. Dans tous les cas de figure, l'harceleur attaque toujours une personne qu'il considère « plus faible », et pour laquelle il est certain que les autres ne réagiront pas.

Alors, pour éviter ces discriminations, plusieurs mesures peuvent être mises en place, en plus de la législation qui doit évoluer, et des campagnes de prévention.

- Déjà une, qui éviterait un grand nombre de harcèlements et donc de discriminations, serait l'instauration de l'uniforme dans les écoles publiques, du début de la primaire à la fin du lycée. Même si la proposition n'est pas parfaite, et divise les avis, elle a le mérite de tenter de mettre à égalité tous les élèves. Ainsi pas de différenciation par les marques des vêtements, et surtout essayer de promouvoir un sentiment d'identité et d'appartenance à un groupe unique, qui qu'on soit, quelles que soient les idées et les préférences personnelles. L'idée est de gommer les différences des enfants entre eux, dans le regard qu'ils peuvent avoir les uns envers les autres, mais absolument pas de les changer. Si un enfant se sent homosexuel dans son être, il est hors de question de vouloir le faire changer : l'uniforme a pour but que ça ne soit pas ce qui prime dans sa personnalité perçue par les autres, mais bien son appartenance à l'école, au collectif scolaire.

- La stricte interdiction des téléphones portables à l'école. On peut voir, sur différents réseaux sociaux, que les enfants adorent filmer et partager des moments qui, à leurs yeux, font sensation, et qui sont malheureusement la plupart du temps violents. Pour éviter cette promotion, ce partage de la violence, l'interdiction stricte des téléphones doit être mise en place. De plus ça éviterait que les enfants soient distraits en cours, et ça assurerait un bon niveau scolaire qui, malheureusement, voit son niveau d'ensemble baisser (d'après les propos du ministre Pap Ndiaye, en décembre 2022).

- Redonner une autorité sacrée et respectée aux professeurs. Les professeurs, ainsi que tout le corps enseignant, sont de moins en moins respectés, notamment par les parents : les gens ont de plus en plus de mal à accepter que leur enfant ait des faiblesses à l'école, qu'il ait un comportement irrespectueux, qu'il ne soit pas bien intégré socialement. Si on ne remet pas en cause l'autorité du professeur qu'on considère comme juste, qu'on laisse le système éducatif prendre en charge les sanctions, en cas de non-respect du règlement, sans protester automatiquement, alors les harcèlements et les discriminations seront assurément en baisse.

- Automatiser les sanctions contre les parents d'enfants ne respectant pas les règlements, les institutions et les autres élèves. Dans trop de cas, les professeurs n'osent plus punir, n'osent plus donner de sanctions, aux élèves perturbateurs, car ils redoutent les mauvaises réactions des parents. Ainsi, au-delà de redonner une autorité sacrée aux professeurs, il faut qu'en cas de sanctions répétées envers les enfants fauteurs de troubles, que des sanctions puissent être appliquées aux parents. Légalement, tout parent est responsable de son enfant mineur, donc tout parent est responsable du comportement, notamment, de son enfant à l'école, qu'il soit bon ou mauvais. Et en cas de contestation véhémente envers les professeurs, de la part des parents, qui se traduit par exemple par de la violence verbale, de la violence physique, ou encore des menaces, alors ne pas hésiter à envoyer ces parents (qui donnent, assurément, une bien mauvaise image à leurs enfants en se comportant de la sorte) devant les tribunaux, et les condamner à la hauteur de leurs comportements indignes.

Il est certain que les tribunaux vont avoir beaucoup de travail, qu'il risque d'y avoir des multitudes de jugements pour permettre, progressivement, de tendre vers une société plus calme et plus égalitaire entre tous les enfants, notamment, mais c'est un mal par lequel il est nécessaire de passer pour stopper, urgemment, l'ensauvagement de notre société.


Ainsi, pour résumer, le harcèlement scolaire est un fait de société qui est, malheureusement, toujours trop présent en 2023 : il est temps de se réveiller, et de mettre en places les outils et les solutions pour le combattre, et chercher à le réduire à néant. C'est une mission que doit se donner l'état de droit qu'est la France. Pour se faire, il faut réaliser ces différentes étapes :

- mettre en place une campagne de sensibilisation au harcèlement, pour tenter de libérer la paroles des victimes, et mettre en garde les coupables,

- systématiser les renvois des enfants coupables de harcèlement (c'est aux coupables de trouver une solution pour se réinsérer, pas à la victime),

- augmenter le nombre de psychologues scolaires, aussi bien pour accompagner les victimes de harcèlements, que les harceleurs pour tenter de les faire revenir dans la norme (car un enfant qui en harcèle un autre n'est assurément pas une norme),

- mettre en place des sanction judiciaires pour les auteurs de harcèlements, qui s'adaptent à la violence émise, la récidive, et la continuité sur les réseaux sociaux,

- instaurer l'uniforme, pour fédérer les enfants et augmenter leur sensation d'appartenance à un même système,

- redonner de l'autorité aux professeurs, au sein de l'école,

- bannir les téléphones portables et les réseaux sociaux, les interdire à l'école, obliger les enfants à les laisser à la maison,

- sanctionner les parents d'enfants harceleurs, ainsi que ceux qui ont des comportements violents vis-à-vis du personnel éducatif,

- faire entrer dans l'esprit collectif que c'est l'harceleur qui, une fois qu'il est découvert, est mis en marge de la société, et non la personne harcelée : et en cas de représailles contre les personnes qui ont dénoncé son comportement inacceptable, fournir une réponse judiciaire adéquate.

L'éducation en France, le savoir-vivre français, est ce qui nous identifie, ce qui doit faire notre force et notre fierté : agissons pour rendre la fierté aux français d'être français, et pour que les futures générations puissent évoluer dans un climat sain.

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