La fabrique du mensonge

23/05/2023

(Posté le 23/05/2023)

Chère lectrice, cher lecteur,

Dans cet article je vais, dans un premier temps, me contenter de faire une description du reportage, de mettre en évidence certains points qu'il aborde ; et ensuite je réaliserai une analyse personnelle de ce qui a été présenté, et tenter de démêler les exagérations des vraies fautes commises par la récupération de l'affaire Lola.

Ainsi ce documentaire revient sur l'affaire Lola, et sur comment l'extrême droite a récupéré ce crime à son avantage pour diffuser une information raciste, et tenté de soulever les esprits français contre les étrangers en France, à l'encontre de la volonté des parents de Lola : cet évènement est un triste modèle de manipulation et de récupération politique d'un crime, qui aurait dû rester un fait divers. Il n'est, je pense, pas nécessaire de revenir sur l'affaire Lola en elle-même, dont les informations peuvent être facilement obtenues. Le travail d'investigation, au travers de ce reportage, revient sur comment l'armée numérique de l'extrême droite, la fachosphère, a dépossédé l'image de Lola à sa famille, pour parvenir à ses fins politiques.

Ils en font leur miel, ils se régalent de ça comme des charognards.
Éric Dupond-Moretti, ministre de la justice.

On nous montre comment cette affaire a été instrumentalisée par l'extrême droite, notamment par le parti Reconquête, pour faire le lien avec les francocides (un fantasme suggéré par Éric Zemmour) et la théorie complotiste du grand remplacement (une théorie que le démographe et historien, Hervé Le Bras, conteste fortement, en avançant qu'elle est le fruit d'une généralisation abusive de cas particuliers, de faits divers, dont le meurtre de Lola fait partie). En nous rappelant que la menace terroriste d'extrême droite est la seconde menace terroriste d'ampleur en France, les réseaux sociaux ont été un outil fort pour permettre à la fachosphère de prendre possession de l'affaire Lola, et de réaliser de l'astroturfing, notamment de la part de Samuel Lafont (responsable de la communication numérique du groupe Reconquête), et ainsi imposer l'affaire Lola dans le débat politique et l'actualité journalistique.

Astroturfing : Pratique déloyale de propagande et de manipulation utilisée dans les médias et notamment sur internet, consistant à donner l'impression d'un phénomène de masse qui émerge de façon spontanée alors qu'en réalité, il a été créé de toutes pièces pour influencer l'opinion publique.

Les réseaux sociaux sont un mal, dans certains cas, car on peut y diffuser massivement une information, potentiellement fausse, et la faire passer pour vraie. Au tout début, lorsque le corps de la jeune Lola est retrouvé, les discussions et la cause du meurtre est mis, dans un premier temps, sur le compte du trafic d'organes. Par la suite, notamment lorsque la nationalité des quatre premières personnes mises en cause a été révélée, ils sont tous algériens, alors l'extrême droite déclenche l'affaire Lola : la nationalité est mise au premier plan, sans s'intéresse à quoi que ce soit d'autre, sur les réseaux sociaux, par différents influenceurs identitaires d'extrême droite comme Damien Rieu, membre de la fachosphère). Très fort dans le domaine de la métapolitique, l'extrême droite développe sa réinformation, une contre-information dans les médias qu'elle contrôle (Sud Radio, Valeurs Actuelles, Boulevard Voltaire, Fdesouche.com, …) pour diffuser une information à l'avantage de leur idéologie, très partiale et trop politisée, pour influencer l'opinion publique, et tenter d'être en position de force dans le débat politique.

Métapolitique : Domaine d'action et de réflexion qui se situe au-delà du politique tout en restant concerné par les affaires publiques.

La chaîne CNews, premier relai médiatique de la fachosphère, a réussi à jouer leur jeu : instrumentaliser le meurtre de Lola, pour ne parler que d'immigration, notamment celle qui pourrit la vie des français au quotidien, et fait planer sur leur tête une menace de mort. Le gouvernement, par la voix du ministre de la justice notamment, dénonce une extrême droite qui réécrit l'histoire, en remettant en cause l'État, à tort, qui n'exécutent pas les OQTF (obligations de quitter le territoire français). Au passage, une intervenante nous rappelle que toutes les personnes visées par des OQTF ne sont pas des criminels en puissance, cette idée est totalement fausse. Le terme francocide est rapidement mis hors-jeu par différents experts psychiatriques qui, par l'intermédiaire des grands médias, font mention de l'état psychologique de l'accusée, qui réfute tout crime raciste, comme le prétend l'extrême droite. Monsieur Dupond-Moretti, par ailleurs, regrette que Cyril Hanouna, au sein de son émission « Touche pas à mon poste », profite de sa notoriété et de sa parole publique pour donner une présentation vulgaire de la justice (l'animateur de télévision réclame, notamment, une justice expéditive, et la perpétuité pour la coupable) : une justice que la société a mis des siècles à élaborer.

D'ailleurs, la chaîne CNews est, statistiques à l'appui, un outil de propagande pour l'extrême droite, aussi bien les journaux d'information que l'émission de Cyril Hanouna. On note, d'ailleurs, différents faits de l'extrême droite qui font du tort, ou prêtent à polémique :

- Éric Zemmour a annoncé qu'il n'aurait pas participé à une manifestation pour Lola si la meurtrière avait été française,

- le youtubeur Kroc Blanc, en mettant en avant une idéologie d'extrême gauche de l'avocate de la famille de Lola, a provoqué une vague de haine à son encontre,

- une mosquée a été taguée par un groupe d'extrême droite, à Bordeaux.

Bon, maintenant qu'on a fait un point sur le reportage, passons à une analyse de ce fait, de la récupération qui en a été faite, et des mesures à prendre pour que ça n'arrive plus.

Déjà, la première constatation qui est évidente, c'est que si la femme qui a assassiné Lola avait été expulsée de France, dans le cadre de son OQTF, alors Lola serait très probablement vivante. Même si la meurtrière ne présentait, au préalable, aucun signe qui pouvait laisser présager son passage à l'acte, son expulsion aurait empêché ce drame. Donc la première question qui doit se poser : toutes les personnes sous OQTF, même si elles ne représentent pas de danger pour les français, doivent-elles être automatiquement expulsées ? La réponse est, je pense, très claire : oui. Il faut faire pression sur les pays des ressortissants, quels qu'ils soient. Monsieur Dupond-Moretti avoue lui-même qu'il y a des OQTF qui ne sont pas exécutables (article), et c'est un argument non entendable : si nous ne pouvons exécuter toutes les OQTF, alors la France n'est pas souveraine sur son territoire, et ne peux donc raisonnablement pas aspirer à la totale défense de son peuple, et de l'instauration d'une paix réelle sur ses terres (comme on peut le voir, dans l'actualité, à travers ce qui se passe sur Mayotte (article) : dans ce cas, la loi semble aller à l'encontre de la souveraineté française, notamment dans la défense de ses citoyens. Il faut, à priori, la changer, pour que la législation française soit réellement à l'avantage des français.

Alors vient la question de l'immigration, et notamment des criminels étrangers. Comme vous pouvez le voir, sur le tableau ci-dessus, plus de la moitié des personnes mises en causes dans des crimes et délits viennent, pour plus de 50%, du continent africain (ce qui explique pourquoi c'est cette immigration qui est pointée du doigt, vu qu'elle est majoritaire statistiquement). Quand on regarde d'autres chiffres, notamment les personnes incarcérées, on voit différentes choses :

- en 2014, 18.5% des personnes en prisons étaient de nationalité étrangère (article),

- en octobre 2021, 24.5% des détenus étaient des étrangers (article),

- en 2021, la France compte 7.7% d'étrangers dans sa population (article).

On voit donc, clairement, deux choses : d'une part une évolution grandissante de la part des étrangers au sein des prisons françaises, et un décalage inquiétant de la proportion d'étrangers criminels ou délinquants reconnus coupables. Pour une France juste qui protège ses concitoyens, il faut appliquer quelque chose que l'état semble se refuser : automatiser les expulsions des coupables étrangers dans leurs pays d'origine, quels qu'ils soient (aussi bien européens qu'extra-européens), accompagné d'une interdiction d'entrée sur le territoire français. Il est impensable qu'on puisse accueillir en France des étrangers, et tolérer qu'ils enfreignent les lois, qu'ils commettent des crimes et des délits : les lois du pays sont à respecter par les citoyens français, et les étrangers qui viennent vivre en France doivent d'autant plus montrer un respect pour les lois du pays dans lequel ils viennent vivre.

Notons, au passage, que des expulsions automatiques des condamnés étrangers pourraient être une première solution pour tenter de régler le problème de densité carcérale dans les prisons françaises :

- un rapport sénatorial de 2000 faisait état d'une évolution grandissante du nombre d'incarcérés, avec notamment 52.961 personnes en 1999 (rapport),

- en 2022, on comptait 72.836 détenus en France (article).

Maintenant voyons la théorie du grand remplacement : est-ce une idée fantasque, qui s'établit sur des faits individuels et instrumentalisés ? Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessus, le nombre de personnes immigrées, qui viennent en France, est en constante évolution depuis un grand nombre d'années (ce graphique ne prend pas en compte l'immigration illégale, ainsi que les enfants d'immigrés, nés en France, et qui ont donc la nationalité française) : 10.3% de la population totale française est issue de l'immigration. Cette évolution de l'immigration peut être mise en parallèle avec l'évolution dans la répartition religieuse en France, sur 37 ans (article). La théorie du grand remplacement indique que la population française va être remplacée, progressivement, par une population majoritairement immigrée, et que l'espèce « blanche et chrétienne » va disparaître à long terme. Cette théorie, qui peut inquiéter, semble s'accélérer depuis le début des années 2000, et on peut raisonnablement estimer que d'ici 2040, pas loin du quart de la population française sera immigrée.

Est-ce inquiétant ? Clairement, oui : notre société est fracturée, le communautarisme est supérieur à l'unité nationale (l'état accueille des immigrés sans se préoccuper de leur assimilation à la France), et donc nous avons sur notre territoire des personnes qui se définissent par rapport à leur origine, leur religion, ou encore à leur ethnie, avant de s'identifier à la France : si nous n'inversons pas la tendance, si nous laissons faire ce qui se fait depuis plusieurs années, la France sera en grande partie peuplée de groupes identitaires, qui ne s'identifieront pas aux loi françaises et sa république, et le risque d'une guerre civile planera davantage sur nos têtes.

Pour terminer cet article, parlons de quelques faits annoncés dans le reportage qui, à mon sens, sont discutables.

- On nous parle d'une extrême droite terroriste, violente et dangereuse, mais suite au meurtre de Lola, il n'y a eu aucune action menée à l'encontre de ressortissants étrangers, notamment algériens, et la paix sociale s'est maintenue (ainsi, la réalité a donné tort aux peurs de la gauche).

- Le Youtubeur Kroc Blanc (lien de sa chaîne) est défini comme identitaire, ce qui est totalement faux.

- Il est difficile de dire que des partis politiques comme Reconquête ou le Rassemblement National sont raciste et fachistes, alors qu'ils ont en leur sein des personnes issues de l'immigration (qui se revendiquent français), ainsi que des personnes aux diverses religions et/ou couleurs de peau.

- La mosquée taguée à Bordeaux, qui est l'acte le plus fort d'un groupe identitaire suite à l'affaire Lola, est symbolique : la mosquée de Pessac, accusée de diffuser un Islam radical et une idéologie salafiste par la préfecture de Gironde, n'a subit aucune sanction administrative (article).

- Le meurtre de Lola, par une ressortissante algérienne, n'était pas un francocide assurément, mais a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase d'une délinquance et d'une criminalité étrangère, pas assez punie par la loi.

L'affaire Lola, sa récupération et sa mise en lumière, malgré le refus de ses parents, était inévitable : la criminalité étrangère est un problème qui se banalise, malheureusement, et qui ne semble pas prêt de s'arrêter, notamment de la part de personnes qui sont sous le coup d'une OQTF :

- un homme soupçonné d'avoir tué deux femmes (article),

- agression de six personnes à Gare du Nord (article),

- viol d'une patiente dans un hôpital (article),

- agression d'une femme à coups de cutter (article).

Le gouvernement semble faire la politique de l'autruche, face à ces différents faits divers, qui instaure un sentiment d'insécurité dans le pays, et qui instaure un sentiment d'insécurité auprès d'un grand nombre de personnes.


Enfin, un petit point sur les médias : il s'avère que les journaux papiers et télévisés semblent choisir des lignes éditoriales qui cachent une partie de la vérité aux français, et ils jouent une partition importante dans le cadre, notamment, des élections : si on prend l'affaire McKinsey (article), elle aurait dû être fatale à Emmanuel Macron, et une médiatisation normale de ce scandale n'aurait jamais dû le propulser au second tour des élections présidentielles de 2022. De ce fait, une défiance va s'installer vis-à-vis des principaux médias, au fur et à mesure que des informations importantes, capitales, seront révélées au public.
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