Je t'aime, moi non plus !

15/02/2023

Clint City est le théâtre de batailles féroces, de complots maléfiques, mais pas que : il y a eu également diverses histoires amoureuses, souvent des plus improbables. Celle qui va être contée ici a commencé un quatorze février, jour de la Saint Valentin, il a fort longtemps : assurément le signe d'une romance forte et durable ? Voyons voir...

Ainsi, un quatorze février, le cirque Freaks organisa un spectacle pour toutes les âmes seules en cette soirée : beaucoup de personnes y vinrent, dont Nobrocybix. Ce jeune homme, membre des Junkz, était très certainement le cœur le plus solitaire et le plus triste de la ville. Son physique frêle ne jouait pas en sa faveur, déjà. Programmeur de génie, il passait la majorité de son temps assis derrière un ordinateur : sans faire d'exercice, et de toute façon il détestait ça, il n'avait aucune chance de développer une quelconque masse musculaire. Et en plus, vu qu'il mangeait peu, il était très maigre. Tellement maigre, et sans force en conséquence, qu'il avait constamment besoin d'aide pour déplacer son matériel informatique : il était capable de soulever une dizaine de kilos, tout au plus. Absolument pas fan de soirées et de fêtes en tous genres il était dans son clan par défaut : un clan qui l'avait recueilli quand il en avait eu le plus besoin, et il leur était fidèle pour cette raison principalement, mais ne partageait pas toutes leurs philosophies de vie. Les différentes filles du clan ne lui prêtaient aucune attention, elles préféraient les personnes plus dégourdies et fêtardes. Seul au milieu des autres, il avait un jour eu la chance que son fantasme inavoué, la belle Bunny qu'il s'était imaginé pour tromper sa solitude, s'incarne dans la réalité et prenne forme dans son monde. Malheureusement celle-ci adopta rapidement l'état d'esprit et le goût pour la fête qui animait le clan, et ne se préoccupa jamais du jeune homme qui était à l'origine de son existence. Sortant pour ainsi dire jamais, ayant décidé de ne prendre part au combat que dans des situations les plus extrêmes (et heureusement, il n'y en avait jamais eu jusqu'alors), il n'avait jamais pu tenter de rencontrer une autre femme. Mais de toute façon, vu son existence jusqu'alors, il était persuadé qu'il ne plairait à personne. Cependant, en ce quatorze février, il sortit de sa solitude et vint assister à une soirée organisée par les Freaks.

Nobrocybix fut un des premiers à arriver et prit place dans les gradins : il savait qu'aucun autre membre du clan ne serait présent (ils faisaient une de leurs fêtes habituelles), il espérait alors faire une belle rencontre. Au fur et à mesure que les gens arrivaient et prenaient place personne ne vint près de lui, et lorsque le spectacle commença il était toujours seul : Nobrocybix était déçu et triste. Mais ces sentiments s'effacèrent, heureusement, assez rapidement : le spectacle était magnifique, la musique sublime, et il passait un superbe moment. Entre cracheurs de feu et acrobates, notamment, il était émerveillé par ce qu'il voyait. C'était la première fois, depuis longtemps, qu'il était heureux et en totale quiétude. Le spectacle avait commencé depuis un bon moment, tout se déroulait bien, lorsque tout à coup les lumières s'éteignirent. Tous les spectateurs s'exclamèrent, et des chuchotements commençaient à monter. Une voix, portée par un mégaphone, s'éleva alors dans le cirque.


« Mesdames et messieurs, veuillez ne pas paniquer. Nous sommes en train de mettre en marche nos générateurs de secours pour que le spectacle reprenne d'ici peu. Merci pour votre patience. »


Des conversations s'entamèrent en attendant la résolution du problème, et différentes personnes allumèrent leurs téléphones portables pour se voir. Nobrocybix alluma le sien et, tant bien que mal, se rendit aux toilettes. Il posa son téléphone sur le réservoir, ouvrit sa braguette et se soulagea. Quand il eut fini il appuya sur le bouton pour activer la chasse d'eau, mais un accident se produisit : en appuyant il fit glisser, involontairement, son téléphone qui tomba dans les toilettes et fut siphonné.

- Non ! Non ! Non !

La lueur, que son téléphone produisait, disparut, et il ne voyait plus rien du tout. Nobrocybix n'était pas particulièrement embêté par cette perte, cet objet qui pouvait être volé ne contenait aucune information importante ou confidentielle, mais maintenant il ne savait pas comment sortir de cette cabine. Il attendit un instant, espérant que la lumière revienne, mais au bout de quelques minutes sans amélioration il ouvrit la porte et avança prudemment, à tâtons. Alors qu'il était au niveau du lavabo, en train de se nettoyer les mains, la porte s'ouvrit et une voix féminine se fit entendre.

- Il y a quelqu'un ?

- J'ai fait tomber mon téléphone, je n'ai plus de lumière.

- Dirigez-vous au son de ma voix, monsieur, je suis à l'entrée.

Il s'avança, tout en marchant prudemment, et tout à coup toucha le bras d'une femme.

- Qui êtes-vous, madame ?

- Je travaille pour les Freaks. Et vous ?

- Je m'appelle Nobrocybix, je suis chez les Junks.

- J'ai déjà entendu parler de vous, vous êtes un génie !

- Si on peut dire, oui...

- Et je vous ai déjà vu en photo, vous êtes assez mignon je dois avouer.

- Ho... bah... heu...

Un doigt se posa sur sa bouche, pour l'empêcher de parler davantage, puis se retira et laissa place à des lèvres. La femme l'embrassa, passionnément, en se collant à lui. Une main lui attrapa la tête, une autre le dos, et deux autres se posèrent sur ses fesses. Alors qu'ils s'embrassaient tous deux sur la bouche, une troisième vint lui baiser le cou. Nobrocybix fut surpris et recula instantanément.

- Mais, comment se fait-il...

La lumière revint, et il fut surpris : ce n'était pas une femme qui se trouvait face à lui, mais deux. Enfin deux, oui et non : elles avaient chacune un buste, deux bras et une tête, mais en dessous de la ceinture partageaient le même bassin et les mêmes jambes.

Noborybix : Mais, qui êtes-vous ?

La femme aux cheveux vert répondit en premier.

Dacha : Moi c'est Dacha, et voici ma sœur Macha. Nous sommes siamoises.

Macha : Quoi ? C'est lui Nobrocybix ? Je m'imaginais un autre.

Dacha : Bien sûr que c'est lui, tu pensais à qui ?

Macha : un petit musclé super mignon...

Nobrocybix : Je ne suis pas musclé, j'avoue, mais...

Dacha : Ne l'écoute pas, elle n'a aucun goût.

Dacha prit Nobrocybix dans ses bras et, sans s'occuper de sa sœur, reposa ses lèvres contre celles du jeune homme, qui était ravi et se laissa faire. Ils s'embrassaient tous deux passionnément leurs mains parcourant différentes parties intimes du corps de l'autre. Tout à coup Macha les repoussa tous deux par le haut de la poitrine.

Macha : Mais ça ne va pas tous les deux ? Vous ne voulez pas faire l'amour tant que vous y êtes ?

Nobrocybix : Bah... Heu...

Dacha : Si on se plaît pourquoi pas ? Nous sommes adultes après tout !

Macha : Ton vagin est le mien, et je ne suis pas consentante. Allez plus loin et je crie au viol !

Dacha : Tu pourrais fermer les yeux et faire comme si tu n'étais pas là, non ?

Macha : C'est un problème dont nous avons déjà discuté par le passé. Il faut une double approbation pour s'aventurer sur ce terrain, sinon c'est non.

Dacha : Bon, d'accord. De toute façon le spectacle va reprendre, il faut qu'on aille se préparer pour notre numéro. Désolé Nobrocybix, on essaie de se retrouver après le spectacle ?

Nobrocybix : Avec plaisir.

Dacha déposa un dernier baiser sur les lèvres de Nobrocybix, puis s'en alla avec sa sœur : le jeune homme retourna dans les gradins et reprit sa place. Au moment de s'asseoir, sur scène se produisait une femme faisant danser des serpents au son de sa flûte. Après différents numéros, un piano fut apporté sur scène et apparurent Dacha et Macha : elles avaient changé de robe. Elles s'assirent devant le piano, Dacha posant ses mains sur les touches, et Macha prenant un violon. Elles se mirent à jouer une musique douce et mélodieuse. Pendant que tout le monde profitait, notamment Nobrocybix qui était à la fois sous le charme de la musique et de Dacha, celle-ci le regardait de temps à autres en lui adressant des sourires rayonnants. Après leur passage, il y eut encore deux numéros de cirque, puis le spectacle prit fin. Tout le monde se leva pour partir plus ou moins rapidement et, au moment de sortir du chapiteau, Nobrocybix aperçu les deux sœurs qui saluaient les spectateurs. Lorsque Dacha aperçu le jeune homme, elle vint à lui.

Dacha : Alors, comment as-tu trouvé notre musique ?

Nobrocybix : C'était superbe, de loin le meilleur moment de la soirée.

Macha : Parce que les autres étaient nuls ?

Nobrocybix : Pas du tout, c'est vous qui étiez exceptionnelles.

Dacha : Ho, merci beaucoup.

Nobrocybix : Une musique magnifique, jouée par deux magnifiques femmes, c'était superbe.

Macha : Je te trouve quand même moche, tu sais ?

Dacha : Tais-toi un peu, ne brise pas ce beau moment pour moi s'il te plaît.

Dacha et Nobrocybix s'embrassèrent sous les yeux d'une Macha agacée, mais celle-ci ne pouvait pas faire autrement que de rester là, hélas. Après un moment ils se lâchèrent et Nobrocybix rentra chez lui.

Après cet évènement, pendant des jours, il n'avança pas dans son travail, rêveur, et passait des heures à penser à Dacha. Il était amoureux, voulant à tout prix la retrouver, mais redoutait un peu Macha qui l'effrayait un peu. Au bout d'une semaine il sortit de son bureau et sortit de l'enceinte du camp Junkz : les autres membres du clan étaient surpris, choqués, quasiment bouleversés de voir Nobrocybix sortir, lui qui ne bougeait jamais. Il les rassura, leur annonçant qu'il allait voir quelqu'un, puis se rendit au cirque Freaks. Une fois arrivé sur place il n'eut aucun mal à trouver celle qu'il cherchait : elle était, avec sa sœur, en train d'étendre du linge en extérieur. Il alla les rejoindre.

Nobrocybix : Hey, comment allez-vous ?

Macha : Tiens, voilà l'autre avorton...

Dacha : Mon amour, que fais-tu là ? Nos clans ne sont pas en bons termes en ce moment, c'est risqué.

Nobrocybix : Tu me manquais trop, et je voulais te voir.

Elle l'embrassa sur la bouche, pendant que sa sœur faisait semblant de vomir.

Dacha : Moi aussi j'ai envie d'être avec toi, mais avec ma sœur...

Macha : Je t'emmerde, petite sœur !

Dacha : ... et les autres membres du clan, il vaut mieux qu'on se retrouve ailleurs.

Nobrocybix : D'accord, quand veux-tu ?

Dacha : Demain soir, à la pizzeria de Pino ?

Macha : Et moi, on ne me demande pas mon avis ?

Nobrocybix : C'est d'accord, à demain bel ange.

Il repartit, heureux, tout en entendant les deux sœurs se disputer. Le lendemain midi, alors qu'il déjeunait comme à son habitude devant son ordinateur, devant une série, un membre de son clan vint le voir, lui annonçant qu'une personne d'un autre clan était venu lui rendre visite. Surpris il sortit, et vu Dacha et Macha : il les invita dans son bureau, en demandant qu'on ne les dérange sous aucun prétexte.

Dacha : Bon, on a bien réfléchi...

Macha : ... on pense que c'est la meilleure solution pour nous deux...

Dacha : ... Vryer, du Gheist, nous a proposé une opération pour nous séparer...

Macha : ... comme ça vous pourrez vivre votre romance à deux balles sans moi...

Dacha : ... et nous aurons deux corps indépendants, et nous pourrons vivre notre amour.

Nobrocybix : C'est une excellente nouvelle. Quand aura lieu l'opération ?

Dacha : Dans cinq jours, dans un laboratoire secondaire du Gheist. Vryer va nous opérer en personne.

Nobrocybix : D'accord. Et je peux faire quelque chose pour toi d'ici là ?

Macha sortit d'une poche une clé USB, qu'elle donna à Dacha.

Dacha : Tiens, prends ça. Sur cette clé sont codés, apparemment, les informations concernant l'opération qu'on va nous pratiquer. Si tu peux t'assurer qu'elle est réellement sans danger, s'il te plaît ?

Nobrocybix : Bien sûr, tu peux compter sur moi.

Dacha : Et il y autre chose...

Nobrocybix : Quoi donc ?

Dacha : Nous n'avons pas tout l'argent que Vryer demande pour l'opération, il nous manque encore trois millions de clintz...

Nobrocybix : Pardon ? Mais elle coûte combien votre opération ?

Macha : Dix millions, mais nos économies ne s'élèvent qu'à sept millions hélas.

Nobrocybix : Ne payez rien. Je vais détourner un compte bancaire pour vous payer cette opération.

Dacha : Mais Vryer ne veut que de l'argent en liquide.

Nobrocybix : Aucun souci, j'irai chez les Montana faire du change, ça sera plus rapide qu'en banque.

Dacha : Merci beaucoup mon amour, je t'aime !

Nobrocybix : Moi aussi je t'aime !

Macha : Moi non plus !

Dacha embrassa Nobrocybix, lui donna un papier sur lequel était noté son numéro de téléphone, puis partit. Le jeune homme ne perdit pas de temps et pirata le compte en banque d'un riche Uppers, détourna une vingtaine de millions de clintz sur un autre compte, puis rendit visite aux Montana sous la protection de Rowdy. Rowdy était un homme mûr, et travaillait en tant que technicien des Junkz qui était chargé des déplacements de matériels : il possédait une force bien supérieure à la moyenne et était le principal protecteur appelé pour aller négocier avec d'autres clans. Arrivé dans le casino des Montana, Nobrocybix et Rowdy s'installèrent à une table et ils furent rejoints, assez rapidement, par une femme très élégante. Elle s'assit face à eux.

Ottavia : Bonjour messieurs, que puis-je pour vous ?

Nobrocybix : J'ai besoin de dix millions en cash.

Ottavia : Vous connaissez nos tarifs, je suppose ?

Nobrocybix : Bien évidemment.

Nobrocybix posa sur sa table un téléphone, qu'il retourna vers Ottavia : il était affiché un compte bancaire, contenant les vingt millions de clintz détournés la veille, et il ne restait qu'à indiquer le compte de la personne à qui transférer cet argent. La femme prit le téléphone et enregistra des coordonnées bancaires, valida l'opération, puis rendit le téléphone à Nobrocybix. Elle prit de son sac à main son téléphone et vérifia si l'opération s'était déroulée.

Ottavia : Excellent. Voulez-vous boire quelque chose, le temps que nous vous préparons l'argent ?

Nobrocybix : Non merci, nous comptons partir le plus tôt possible.

Elle appela un homme et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Il partit et revint, cinq minutes plus tard, avec une valise qu'il posa sur la table : Ottavia l'ouvrit devant Nobrocybix et Rowdy, révélant un gros paquet de billets. Le jeune homme compta rapidement les billets, sûr de lui et de son intelligence, puis remercia la femme et repartit avec son compagnon. Une fois rentré dans leur clan il retourna dans son isolement, sa solitude qui le rassurait, et travailla à déchiffrer la clé USB que Dacha lui avait confiée. Après une dizaine d'heures de travail dessus, il réussit enfin à ouvrir le fichier et le consulter : les termes étaient assez spécifiques à la médecine et à la science, il ne comprenait pas tout en détail, mais l'ensemble semblait sérieux et aucun danger vital ne paraissait masqué. Le jour de l'opération il appela Dacha, qui lui indiqua le lieu et l'heure du rendez-vous. Ne voulant mêler son clan à ses histoires de cœur, il partit seul avec la valise pleine de billets au lieu du rendez-vous. Une fois sur place il n'eut aucun mal à trouver les sœurs : il embrassa Dacha.

Dacha : Je suis heureuse de te retrouver. Tu as l'argent ?

Nobrocybix : Oui, les dix millions sont là.

Il entrouvrit la mallette pour lui montrer les billets qui s'y trouvait.

Dacha : Tu es trop génial !

Nobrocybix : Je suis prêt à tout pour toi, mon amour !

Macha : T'inquiète, c'est la dernière fois que tu nous aide !

Nobrocybix : Comment ça ?

Macha laissa apparaître une batte en bois et frappa Nobrocybix sur la tête : il tomba instantanément au sol, laissant glisser de sa main la mallette. Dacha la récupéra, pendant que le jeune homme essayait de se relever tant bien que mal, étourdit.

Dacha : Tu croyais vraiment que je t'aimais ? Toi, petit avorton...

Macha : ... qui n'a aucune utilité en ville. On a notre fierté, quand même, et donc...

Dacha : ... on s'est servi de toi pour gagner quelques clintz. Mais autant, c'est le jackpot ! Maintenant...

Macha : ... veuillez nous donner notre récompense, et prenez-le !

Nobrocybix n'eut pas le temps de comprendre davantage la situation qu'il reçut un autre coup sur la tête, plus violent, qui l'assomma au point qu'il était conscient, mais avait du mal à ouvrir les yeux. Il aperçut une silhouette qui donna quelques choses aux sœurs siamoises et, pendant que celles-ci s'en allaient, il fut attrapé par les pieds et emmené.

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